Une femme de 40 ans et son mari de 62 ans, tous deux de nationalité australienne et détenteurs de passeports russes, ont été inculpés vendredi par la police australienne pour « préparation d’un délit d’espionnage », a déclaré Reece Kershaw, plus haut responsable de la police fédérale, lors d’une conférence de presse. En Australie, des procureurs de police peuvent inculper des suspects. Ce chef d’inculpation prévoit une peine maximale de 15 ans de prison.
Le couple, qui a vécu en Australie plus de 10 ans, a été arrêté jeudi à son domicile de Brisbane (est). Les deux suspects ont comparu séparément et brièvement vendredi devant un tribunal de la ville, selon des médias locaux. Tous deux ont été placés en détention dans l’attente d’une audience le 20 septembre, selon la même source. Contactée par l’AFP, l’ambassade de Russie à Canberra n’a pas encore répondu.
Voyages « non déclarés »
La femme, militaire de l’armée australienne, travaillait depuis plusieurs années en tant que « technicienne des systèmes d’information » dans les forces armées australiennes, a précisé le commissaire de la police fédérale. Elle a effectué des voyages « non déclarés » en Russie lors d’un congé de longue durée.
Pendant un séjour en Russie, elle aurait expliqué à son mari, un travailleur indépendant, comment se connecter à son compte officiel depuis leur domicile. « Nous affirmons que son mari aurait accédé aux documents demandés et les aurait envoyés à sa femme en Russie », a indiqué M. Kershaw.
Membre des « Five Eyes »
« Nous affirmons qu’ils ont recherché ces informations avec l’intention de les fournir aux autorités russes ». « La question de savoir si ces informations ont été transmises reste un élément-clé de notre enquête« , a-t-il souligné. M. Kershaw a assuré qu’aucune divulgation d’informations importantes n’avait été identifiée pour l’instant, même si la police a précisé que les documents étaient liés à la sécurité nationale.
L’Australie est membre des « Five Eyes », une alliance de services de renseignement avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande, qui partagent des informations sensibles. Le responsable a indiqué que la femme avait obtenu la nationalité australienne en 2016 et que son mari l’avait obtenue en 2020.
Le Premier ministre Anthony Albanese a indiqué qu’il avait été informé de l’affaire de façon détaillée. « Les agences de sécurité australiennes font leur travail et le font bien. Ceux qui interfèrent avec nos intérêts nationaux devront rendre des comptes », a-t-il déclaré.
Pas une garantie totale
Mike Burgess, plus haut responsable des services de renseignements australiens, a relevé que les contrôles de sécurité effectués à l’embauche des forces de sécurité ne représentaient pas une garantie totale contre l’espionnage. « Tout dépend de ce que vous dites ». « Si vous remplissez les conditions requises pour obtenir une habilitation de sécurité, vous l’obtiendrez. Mais cela ne signifie pas que le parcours de sécurité s’arrête à ce stade », a-t-il déclaré aux journalistes.
M. Burgess, directeur général de l’agence australienne de renseignements (ASIO), a souligné que les autorités avaient été en mesure « d’intervenir et de contrôler cette opération ». « Cette affaire reflète et démontre une culture de sécurité efficace, et non une culture déficiente », a-t-il affirmé.
Message aux agents russes
Il a lancé un appel aux espions russes pour qu’ils se déclarent aux autorités australiennes. Il a rappelé la défection en 1954 des espions soviétiques Vladimir et Evdokia Petrov vers l’Australie, qui a permis de révéler des dispositifs du renseignement russe au niveau international.
« Je souhaite m’adresser directement aux agents des services de renseignement russes ». Cette année marque le 70e anniversaire de la défection de Petrov. Si vous souhaitez partager vos secrets, n’hésitez pas à me contacter. L’ASIO est toujours à l’écoute ».
Selon M. Burgess, l’Australie est confrontée à une menace d’espionnage importante de la part de nombreux pays. « Les services de renseignement étrangers sont compétents, déterminés et patients. Ils jouent un jeu à long terme. Le problème pour eux, c’est que l’ASIO fait de même », a mis en garde M. Burgess.
« Si vous vous livrez à de l’espionnage dans ce pays, nous vous détecterons et nous nous occuperons de vous ». « Lorsque nous pouvons engager des poursuites, nous le faisons », a-t-il averti.
Les Nouvelles Calédoniennes