Le président de la République a reçu jeudi 25 juillet les quatre parlementaires calédoniens à l’Élysée. Une première étape avant la reprise d’un dialogue politique entre indépendantistes et non-indépendantistes, espérée en septembre.
Quatre parlementaires calédoniens, deux indépendantistes et deux non-indépendantistes, posent, côte à côte, devant l’Élysée. Le symbole est fort alors que le dialogue politique entre les parties semble au point mort et que la Nouvelle-Calédonie est en proie à de graves violences depuis plus de deux mois, que les émeutes ont fait dix morts, que l’économie calédonienne est à genoux et que certains axes sont encore bloqués. Emmanuel Tjibaou, Nicolas Metzdorf, Georges Naturel et Robert Xowie sont justement venus dire l’urgence de la situation sur le Caillou. Ils ont été reçus par Emmanuel Macron ce jeudi 25 juillet.
« On est là pour relancer la priorité du dossier calédonien. Entre les élections, la dissolution, les Jeux olympiques, la mise en place du gouvernement… Tout ce qui se passe au pays [en Nouvelle-Calédonie, ndlr] doit être quand même un enjeu prioritaire pour l’État. On est venus le rappeler », résume le sénateur indépendantiste Robert Xowie au sortir de la réunion, qui a duré une trentaine de minutes. « C’était important de s’afficher ensemble, parce qu’on veut démontrer au président de la République l’urgence de la situation, les affaires courantes ne nous conviennent pas », abonde Nicolas Metzdorf, député non-indépendantiste de la 1ere circonscription.
« Au-delà du symbole, c’est la volonté de sortir de l’impasse institutionnelle, l’impasse de la crise qui touche tout le monde, qu’on soit indépendantiste ou loyaliste », résume Emmanuel Tjibaou, premier député indépendantiste kanak élu depuis 1986. L’initiative, qui réunit les « deux légitimités calédoniennes » selon le sénateur non-indépendantiste Georges Naturel, doit servir de modèle à une reprise du dialogue à Nouméa. « Ce qu’on a fait ici avec le président de la République, il faut qu’on le fasse à Nouméa avec le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie, parce que nos concitoyens attendent de nous des choses concrètes », explique-t-il.
Ont été évoqués au cours de la réunion avec le président de la République le possible envoi de la réserve sanitaire, pour pallier le manque de soignants, nombreux à avoir quitté le territoire, mais aussi la question sécuritaire. « La priorité des priorités c’est le retour à l’ordre. Il faut une liberté de circulation. Le président nous a rassurés là-dessus : il se chargera de mettre les moyens pour le faire », détaille Georges Naturel, qui précise qu’Emmanuel Macron mettra en place dans les prochaines semaines une équipe chargée du suivi des questions économiques.
C’est un plan Marshall qu’on doit organiser pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie. C’est plus de deux milliards d’euros de travaux pour la reconstruction, ça ne se fait pas en claquant des doigts.
Georges Naturel, sénateur non-indépendantiste
Alors que la légitimité politique de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, est fortement ébranlée depuis la démission du gouvernement, qui se cantonne désormais à la gestion des affaires courantes, le dossier calédonien sera piloté depuis l’Élysée. « Le président a clairement annoncé qu’il prenait en main le dossier calédonien, se félicite Nicolas Metzdorf. On avait besoin d’un interlocuteur puisque le gouvernement est démissionnaire, que c’est les Jeux olympiques, que c’est les vacances et qu’il y a un fort sentiment d’abandon en Nouvelle-Calédonie. »
Cette rencontre élyséenne est une première étape avant une reprise des discussions politiques, espérées pour septembre. « La position du président de la République c’est de réunir les élus calédoniens courant septembre, après la mise en place du gouvernement, pour parler [du corps électoral et de l’avenir institutionnel] et pour définir ensemble le ‘cahier des charges’ d’une mission du dialogue », rapporte Georges Naturel.
Fixer la reprise des discussions à septembre permet aussi d’attendre la tenue du prochain congrès du FLNKS, programmé fin août. « Le partenaire, celui qui est mandaté pour discuter, ce n’est pas les parlementaires, c’est le FLNKS », tient à préciser Emmanuel Tjibaou, soulignant « la responsabilité de l’État dans la poursuite du dialogue ». Le congrès du FLNKS sera l’occasion d’évoquer, selon le député, « la mise en place de la mission du dialogue », « les options de relances » et « le report des provinciales ».
Car un nouveau report des élections serait souhaité par l’Élysée. « Le président veut décaler les élections provinciales, assure Nicolas Metzdorf. Aujourd’hui, on a besoin de redonner du temps à la Nouvelle-Calédonie pour discuter, pour apaiser. On n’a pas besoin de repartir dans des élections provinciales tout de suite. » Les élections, initialement prévues en mai 2024, devaient se tenir au plus tard le 15 décembre prochain.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie