Ne craignez-vous pas que le pays utilise le mouvement indépendantiste
dans son entreprise de déstabilisation de l’État français ?
Je reste sur le cadre politique, sur le mandat qui m’est confié de développer, consolider les liens de solidarité que nous avons avec les mouvements politiques, les groupes institutionnels dans le Pacifique et dans le monde, Groupe Fer de lance, Forum des Îles du Pacifique, mouvement des non-alignés. Aujourd’hui, c’est l’Ouganda, dans deux ans ce sera l’Ouzbékistan. Ce sont des pays qui n’ont pas trop de résonnance ici, mais ils nous ont aidés par le passé et continuent à le faire.
De quelle façon vous aident-ils ?
Par exemple le 20 juin, nous avons organisé une conférence au siège des Nations Unies pour évaluer l’impact des programmes engagés par le Comité spécial de décolonisation, établir des recommandations. Il y a encore des difficultés dans le Pacifique, les Caraïbes, en Afrique.
Était-ce le bon moment pour ce séjour, alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise sans précédent ?
L’organisation s’est trompée, je ne me suis pas exprimé en tant que membre du gouvernement. J’ai fait changer mon titre et celui des autres élus. J’ai assisté aux réunions du gouvernement par visioconférence et ici, des actions ont été mises en œuvre, mon cabinet est allé dans les squats et auprès des personnes dans le besoin pour apporter des denrées alimentaires, du soutien moral, j’ai pu faire mon travail du mieux que j’ai pu, même si je n’étais pas forcément présent physiquement.
Lors du Congrès des colonies françaises, vous avez déclaré : « depuis le 13 mai, on a fait ce qu’il fallait faire ». Quel en est le sens ?
L’objet de l’atelier était d’expliquer comment nous en étions arrivés là. Nous avons rappelé les différentes séquences, le document martyr, la volonté de passage en force de l’ancien gouvernement. Le corps électoral, c’est la mère des batailles. Lorsque les deux Chambres françaises sont passées outre le consensus qui doit régir les parties de l’accord de Nouméa, il y a eu ce qu’il y a eu. Quand il n’y a plus de dialogue, on arrive à ce genre de situation. Il aurait fallu prendre plus de temps pour continuer à échanger sincèrement. Nous avons notre histoire ici avec les particularités d’un peuple mélanésien qui a su s’ouvrir aux autres communautés. Il y a eu des difficultés mais aussi des réussites. Au bout de 30 ans d’accord, nous avons la responsabilité de sortir par la souveraineté. Mais aujourd’hui, aucun pays n’est souverain plein et entier, donc nous devons construire des liens d’interdépendance avec les pays mélanésiens, du Pacifique et du monde, notamment la France.
Quand vous dites « on », vous avez été partie prenante ?
La CCAT est une création de l’UC, plusieurs responsables politiques étaient investis dans les manifestations.
Est-ce que la CCAT échappe à l’UC ?
Nous l’avons dit aux médias, c’est normal qu’il y ait un besoin de clarification parce qu’il y a eu beaucoup d’étapes. À notre dernier comité directeur, nous avons réaffirmé les choses et, à partir de là, charge à chaque responsable de travailler à mettre en œuvre les motions validées au dernier congrès. Ce week-end, laissons les débats se faire au sein du FLNKS [Si le congrès prévu à lieu, NDLR] et les conclusions seront présentées.
Qu’en est-il de votre demande de médiation internationale ?
Il y avait la mission d’observation décidée par le Forum, mais il y a eu un couac, j’espère qu’elle aura lieu. Le Forum des Îles du Pacifique est la seule instance internationale qui a fait un rapport pour dire que la troisième consultation n’avait pas lieu d’être. Nous avons développé plusieurs initiatives pour avoir un appui en termes de médiation, dont une déposée sur la table des Nations Unies en 2016 par le FLNKS, ce sont déjà des dossiers sur la table.
Propos recueillis par Anne-Claire Pophillat
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