Après Shuffle et Live at Bernies, tous deux sortis en 2018, Michel Benebig revient avec un 9e album, intitulé Blue Note in my Suitcase. Enregistré à Melbourne en fin d’année dernière, il a été réalisé avec un ensemble orchestral de 17 personnes, mêlant cuivres, sessions rythmiques, percussions, guitares et bien sûr, orgue Hammond.
La pochette de l’album donne le ton. Debout, habillé d’un costard noir et valise à la main, Michel Benebig est représenté de dos, entouré de notes de musique, comme guidé par la mélodie qu’il compose à mesure que l’inspiration lui vient. Cette invitation à s’évader à travers la musique, c’est un peu ce qui transparaît dans Blue Note in my Suitcase, neuvième opus de l’organiste calédonien. Comme deux de ses précédents albums, cet ouvrage de 11 titres a été réalisé à Melbourne, ville « de cœur » de l’artiste.
Son inspiration, elle, a été trouvée lors du premier confinement, en 2020. « Chaque matin je me posais sur ma terrasse. Nous n’avions plus le droit de nous déplacer donc c’était calme, il n’y avait plus le bruit des voitures, mais celui des oiseaux. Ça m’a aidé à me recentrer […] Je me suis dit : chaque jour, je composerai un morceau », raconte Michel Benebig. Pari tenu pour le musicien : au bout du neuvième jour, neuf morceaux étaient créés. Le premier, Alenka’s Mood, est inspiré de sa belle-fille, et plus globalement de la période de l’adolescence, entre changement d’humeur et repli sur soi. « Je me suis mis à mon clavier et le morceau est arrivé en deux minutes », se rappelle l’organiste, sourire aux lèvres.
Outre ses proches, ses morceaux s’inspirent également du travail d’autres artistes – comme c’est le cas avec Mango & Papaya, de style calypso, rendant hommage à Sonny Rollins – ou des voyages qu’il a pu faire. « Cool Changes I & II, par exemple, représente le changement de climat à Melbourne, que l’on a tendance à surnommer la “ville aux quatre saisons”. […] J’ai eu des étés incroyables là-bas, où il pouvait un moment y avoir de la grêle, puis faire chaud, et vice-versa », décrit Michel Benebig.
UNE PREMIÈRE AVEC UN ORCHESTRE
Pour arranger ses morceaux, ce dernier a pu compter sur le travail d’un de ses amis de longue date, Lachlan Davidson, musicien et compositeur australien. Un coup de main dont il ne pouvait pas se passer, soulignant le rôle important d’un arrangeur : « Le compositeur, c’est celui qui va dans son jardin cueillir des fleurs et faire son bouquet. L’arrangeur arrive derrière et va transcender le bouquet. C’est toujours le même, mais il aura été amplifié et enjolivé », poétise Michel Benebig.
Lachlan Davidson est aussi celui qui sélectionnera l’ensemble des musiciens – 17 au total – pour composer le Grand B3 Big Band, nom qui sera donné à l’ensemble orchestral final, composé de guitaristes, trombonistes, saxophonistes, trompettistes, percussionnistes et batteurs. « Il est allé choisir les meilleurs […] Quand ils ont lu les partitions, ils ont adoré », raconte le compositeur.
Les répétitions ont lieu en janvier 2023, à Melbourne. Un moment « magique », se souvient-il. « Ce qui a été le plus impressionnant pour moi, ça a été d’entendre ma musique qui, au départ, était sur un morceau de papier, jouée par cette masse de musiciens et d’instruments, avec ce niveau sonore… C’était énorme. »
L’album sera ensuite enregistré en septembre 2023, sous la houlette du compositeur. « Avant chaque morceau, je décrivais aux musiciens ce qu’il représentait pour moi […] Je leur donnais des clés. Ils avaient la liberté de jouer – car ça reste du jazz – tout en ayant le contexte. Par exemple, pour Alenka’s Mood, je me rappelle avoir demandé au tromboniste : “Est-ce que tu as des enfants ? Te rappelles-tu de leur adolescence ?” Il m’a répondu avec des gros yeux : “Olala !”, et c’était parti. Il a réussi à l’exprimer avec son trombone », sourit-il.
Sorti il y a quelques mois, Blue Note in my Suitcase est désormais disponible sur toutes les plateformes numériques, dont Spotify et YouTube. Dans quelque temps, Michel Benebig envisage même de le sortir en version vinyle, avant une potentielle tournée en Australie en 2025.
Nikita Hoffmann
« Ouvrir l’imaginaire de la personne par la musique »
S’il s’est attaché à communiquer sa vision de chaque morceau aux musiciens du Grand B3 Big Band lors de l’enregistrement de l’album, Michel Benebig insiste sur la « libre interprétation » de chacun lors de son écoute. « C’est un peu comme lorsqu’on écoute une musique de film. Même sans voir l’image, on se raconte une histoire. Or, chacun a sa propre histoire et se l’approprie de manière différente. Cet album-là, c’est ça justement. C’est ouvrir l’imaginaire de la personne par la musique », développe l’organiste.
Une attention particulière dans les pays anglo-saxons
Présenté sur la chaîne australienne ABC Jazz il y a quelques semaines, Blue Note in my Suitcase est actuellement diffusé sur d’autres radios à travers le monde, notamment aux États-Unis et, il y a quelques jours, en Nouvelle-Zélande, sur la radio nationale RNZ Classical, en présence du chef d’orchestre Nick Kipping. « Ça fait plaisir, c’est un gage de reconnaissance de notre travail, à Lachlan et moi », se réjouit Michel Benebig.
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