EDITO – Oui. Qui ? Qui va prendre place ici, à l’Assemblée nationale, comme chef du Gouvernement, et répondre aux questions des députés ? Qui Emmanuel Macron va-t-il nommer Premier Ministre ?
Les prétendants sont nombreux et pressés en apparence ! Les personnalités concernées, lauréates putatives, s’empressent de postuler, par médias interposés, portées devant eux par les leaders de LA coalition, ceux-ci s’estimant légitimes à briguer l’Hôtel Matignon. Non pas en leur nom propre, cela afficherait trop leur mégalomanie, mais en proposant untel, membre de cette coalition, qui selon eux présente toutes les qualités pour rassembler autour d’elle tous les membres adéquats. Ils sont nombreux à souhaiter se faire appeler ou pousser par d’autres sans jamais à avoir à déclarer briguer le rôle. Et oui, qui voudrait de la responsabilité d’un gouvernement sans majorité avec une dette à la dérive et une situation intérieure qui interpelle.
Malheureusement pour eux, force est de constater qu’aucun des candidats proposés y parvient.
Huguette Bello, présidente du Conseil régional de la Réunion, élue communiste, députée pendant 23 ans et qui a rejoint la France Insoumise à l’occasion des élections européennes de 2024, candidat Premier Ministre proposé par la France Insoumise, le parti socialiste a dit non.
Laurence Tubiana, candidat Premier Ministre commun proposé par le parti socialiste, les écologistes et le parti communiste, la France Insoumise a dit non. (1)
Cette coalition qui se dit légitime à substituer un de ses membres à Gabriel Attal, vous l’avez évidemment noté, c’est le Nouveau Front Populaire. En l’état, les autres se sont abstenues.
L’alliance « RN-Ciotti », notamment, preuve supplémentaire que le RN ne souhaite pas gouverner, ou tomber dans le piège de la grenade dégoupillée lancée par le président. À vouloir aller trop vite, on peut se bruler les ailes !
Les LR et autres, le nombre de députés qu’ont chacune de ces formations politiques, est trop petit pour afficher des prétentions à ce niveau. C’est la raison pour laquelle elles se limitent à espérer pouvoir imposer un ou deux de ses pontes, voire plus, dans un gouvernement qu’elles soutiendront, si effectivement des pontes y figurent. Tel a déjà été le cas dans chacun des gouvernements nommés par Emmanuel Macron, et ceci avec à chaque fois des ténors de l’ex-UMP (devenue LR) aux postes les plus importants. Dès lors, tout tend à dûment laisser penser que les LR vont récidiver si cette opportunité juteuse et glorieuse pour eux se présente de nouveau. Darmanin pointant le bout du nez, sans vouloir se bruler les ailes, pour un Emmanuel Macron en mal de popularité, tel un bateau sans gouvernail.
Quant au bloc macroniste, consigne a très certainement été donnée de ne pas proposer de candidat.
Pourquoi ?
Tout d’abord parce que le faire engendrait à coup sûr de sévères critiques et de vives moqueries. « Gabriel Attal, n’est d’ailleurs pas étranger à cela » déclare un des soutiens de la macronie, qui vient de découvrir à ses dépens la méchanceté du président, et me déclarait à propos du boss :« il est complétement malade et ne supporte pas que l’on ne l’aime pas ou qu’on lui prenne la lumière. »
Or, en ces matières, la macronie a déjà très fortement donné en sept ans. Il est temps, grand temps de passer à autre chose. Si tant est que cela soit possible. Une des particularités d’Emmanuel Macron étant de sortir de son chapeau, à chaque fois, un nouveau communicant, encore plus ridicule, et plus incompétent que le précédent. Communicant que les humoristes du monde entier attendent avec impatience.
Ensuite parce que le temps joue en faveur du camp macroniste.
Eh oui ! Plus le temps passe, et plus l’incapacité intrinsèque par nature (2) du Nouveau Front Populaire à trouver un candidat Premier Ministre, va faire que cette coalition va se déchirer. Cette déchirure qui est déjà « en marche », sera totale bientôt, si la tendance se poursuit. Les derniers échos vont en ce sens.
Et, troisièmement, au terme échu et acté par les Français, de l’impossibilité des partis d’opposition à proposer un candidat Premier Ministre qui fait consensus au sein d’eux, Emmanuel Macron pourra soutenir que, dans ces conditions, il s’impose à lui, garant du bon fonctionnement des institutions, de nommer un Premier Ministre au sein du bloc macroniste. Ceci avec l’obligation induite, dès lors, pour les formations politiques qui revendiquent appartenir au « bloc républicain » dont Emmanuel Macron a parlé dans sa dernière « Lettre au Français », de participer au nouveau Gouvernement qu’il formera et de le soutenir. Faute de quoi ces formations politiques seront taxées de ne pas être préoccupées par l’intérêt supérieur de la France et des Français.
Et histoire de finir de complètement faire exploser le Nouveau Front Populaire, des membres issus de celui-ci feront partie de ce nouveau Gouvernement. Et pourquoi pas aussi un ou deux membres issus de la coalition « RN-Ciotti » ? Histoire de la faire complètement exploser, elle aussi, : un bonus loin d’être inintéressant pour le camp macroniste concernant l’élection présidentielle de 2027.
Emmanuel Macron ayant martelé, que jamais, ô grand jamais, il ne nommera ministre une personne issu de la France Insoumise ou du Rassemblement national, il est hautement possible qu’il le fasse finalement. On l’a vu avec l’âge de départ à la retraire, la vaccination obligatoire, les tests et Cie : assurer qu’il ne ferait jamais quelque chose et finalement le faire, c’est sa marque de fabrique. Par ailleurs espérons que cela s’applique aussi à sa volonté d’envoyer des troupes en Ukraine, projetant la France au-delà de la cobéligérance : il l’a dit alors, espérons qu’il ne le fasse pas !
Alors, vous cherchiez des noms, vous les trouverez dans les médias mainstream qui en cette période estivale sont en mal de sujets. Et, oui depuis la fin des législatives et avant l’ouverture des JO, les sujets sont rares ! surtout quand ces dernières omettent pendant des mois, pour ne pas dire des années, de parler de l’opacité des contrats d’achat des vaccins négociés par Von der Leyen en personne, et de la plainte pénale la visant. Hier, la CJUE a rendu une décision défavorable à la Commission et à von der Leyen, les obligeant à montrer les contrats des vaccins qu’ils avaient caviardés injustement. Les ramifications et conséquences de ces décisions sont nombreuses et pourraient avoir des répercussions pour tout membre du gouvernement passé, présent et futur.
Enfin, j’ai pensé à un truc.
Le cumul des deux postes n’est interdit par aucun texte, pas davantage la Constitution qu’un autre. Le président de la République peut donc nommer Premier Ministre lui-même. Emmanuel Macron pourrait ainsi parfaitement, en application de l’article 8 de la Constitution, nommer Emmanuel Macron Premier Ministre, et cumuler les deux postes et leurs fonctions. (3)
Ce serait drôle. Plus Jupitérien que ça, tu meurs, ce qui parait envisageable pour une personne qui déclare travailler comme un fou et faire le travail de tous les ministres.
Finalement, ça devrait lui plaire. Et s’il le fait, on tiendra là cette fois la preuve irréfutable qu’il lit mes éditos !
Affaire à suivre…
1) en raison de sa proximité supposée avec Emmanuel Macron.
2) le Nouveau Front Populaire n’est pas véritablement une coalition idéologique. C’est simplement une coalition opportune, à savoir intervenue ad hoc, au moment des élections législatives échues, autour d’un calcul mathématique judicieux, puisqu’il a permis à chacune des formations politiques qui la composent, d’obtenir davantage de députés que si elles avaient proposé des candidats députés séparément.
3) Un peu comme quand, le 25 août 1976, Valéry Giscard d’Estaing et celui qu’il venait de nommer Premier Ministre, Raymond Barre, ont fait ceci immédiatement après, en application de l’article 8 de la Constitution : ils ont nommé Raymond Barre ministre de l’Économie et des finances. Ça reste la première fois, sous la Vᵉ République, où un chef de gouvernement a exercé simultanément une autre fonction ministérielle, en l’occurrence pendant 16 mois, Raymond Barre ayant cessé d’être également ministre de l’Économie et des finances en mars 1978.
Xavier Azalbert, France-Soir