Les auto-entrepreneurs comme baromètre d’une économie calédonienne entre morosité et besoin d’avancer. C’est le constat dressé par l’Adie, l’association pour le droit à l’initiative économique. Depuis le début de la crise, elle se tient aux côtés de ses clients pour les informer voire pour les aider à se relancer.
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Dès le 15 mai, les équipes de l’Adie ont pris répertoires et téléphones pour contacter un maximum de clients. 2 500 en 10 semaines. Pour Alexandre Dufau, le directeur des opérations, le premier bilan de ces diagnostics est sans surprise et sans appel. « Une grande majorité d’entre eux, 81 %, ont dû interrompre leur activité au plus fort de cette crise. Les raisons principales sont qu’ils ne pouvaient plus se déplacer, que leurs fournisseurs ne pouvaient plus les approvisionner en marchandises ou qu’eux même n’avaient plus accès à leurs clients ».
Plus de deux mois après le début de la crise, une partie des auto-entrepreneurs a déjà changé d’état d’esprit et l’association s’est adaptée aux besoins de ces structures, petites et agiles. « Nos clients nous sollicitent pour refinancer leur activité, pour pouvoir redémarrer. On a toujours nos outils classiques et en plus pour nos clients nous avons mis en place un prêt à taux zéro dont l’intérêt principal est d’avoir un différé de 12 à 36 mois. Ils commencent à rembourser au bout d’un an ou plus ».
Une dame qui a dû arrêter son activité de rôtisserie parce qu’elle n’avait plus accès à son fournisseur de volailles l’a transformée pour devenir une épicerie ambulante de proximité.
Alexandre Dufau, directeur des opérations de l’Adie
De quoi permettre de se relancer. Alexandre Dufau évoque ainsi l’exemple d’un auto-entrepreneur qui avait lancé son entreprise d’espaces verts en avril et dont le camion a été brûlé. « Son premier réflexe, ça a été de nous appeler pour refinancer un véhicule, pour pouvoir honorer ses contrats qui existaient encore ». D’autres changent leur fusil d’épaule, le temps de la crise. « Une dame qui avait une rôtisserie a dû arrêter son activité parce qu’elle n’avait plus accès à son fournisseur de volailles. Elle l’a transformée pour faire une épicerie ambulante de proximité ».
Des signes positifs donc, mais une capacité d’adaptation qui ne concerne pas tous les secteurs. À l’image des clients suivis à Nouméa par Nicolas Ojar, l’un des conseillers de l’Adie. « J’ai beaucoup de personnes qui travaillent au marché ou à la gare maritime. On est encore flou sur le fait de savoir si le tourisme va reprendre. L’inquiétude est toujours présente même si on retrouve un semblant de calme. Il n’y a pas de chiffre d’affaires qui va augmenter encore, ça stagne. Et on n’a pas de visibilité ».
Sentiment mitigé partagé par son collègue, Warren Ehnyimane, en charge de l’un des secteurs de Brousse. Pour lui, sa mission, « c’est quand même de les encourager, de leur dire qu’il y a des choses qui se font au niveau institutionnel, donc il ne faut pas lâcher. C’est toujours de l’inquiétude mais ils gardent quand même l’espoir. »
Signe positif pour l’association : des porteurs de projet la contactent de nouveau. D’une centaine de contacts par mois avant le 13 mai, elle était tombée à une vingtaine en juin. Plus de cinquante se sont manifesté au mois de juillet. Avec, selon Alexandre Dufau, des profils très différents. « Les gens nous contactent, parfois juste pour prendre les informations, ils se projettent, ils réfléchissent à ce qu’ils vont faire. Certains ont déjà une activité et ils ont besoin de financements pour relancer cette activité dans de bonnes conditions. D’autres ont des projets de création qu’ils avaient reportés au mois de mai et au mois de juin à cause de la situation en Nouvelle-Calédonie, et aujourd’hui, ils peuvent circuler et donc relancent leur projet ».
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie