En trois jours, tout a basculé. La traînée de poudre laissée par les émeutes du 13 mai a enflammé des piliers de l’arène politique. Et la nouvelle donne plonge la Nouvelle-Calédonie dans l’inconnu. Jeudi 29 août tout d’abord, la figure de l’Union calédonienne et coutumier, Roch Wamytan, perdait la présidence du Congrès au profit de Veylma Falaeo, de l’Éveil océanien. Le parti charnière était soutenu dans la course au perchoir par toutes les voix non indépendantistes, des Loyalistes à Calédonie ensemble, mouvement qui a récupéré au passage le pilotage de la commission permanente. Tant saluée dès 2019, puis appuyée sur un pacte de stabilité en vue d’une vague de réformes, la « majorité océanienne », composée des deux groupes indépendantistes du Congrès et des trois élus de l’Éveil océanien, n’est plus. Parce que, selon Milakulo Tukumuli, du mouvement pivot, cette fameuse majorité « ne fonctionne plus » pour répondre aux urgences. Or cette alliance constituait une force essentielle dans l’hémicycle pour le gouvernement dirigé par l’UNI Louis Mapou. Un nouvel équilibre s’installe, avec des options de renouvellement de l’exécutif.
« QUARANTE ANS EN ARRIÈRE »
Puis une explosion s’est produite samedi 31 août à Koumac, lors du 43e congrès du FLNKS. La coalition indépendantiste a perdu deux de ses composantes historiques, a intégré sept formations adoubées par l’Union calédonienne, et pris un virage politique des plus durs sous l’ombre de la CCAT. La remise de la présidence du Front à Christian Tein, leader incarcéré de cette Cellule de coordination, en est l’illustration. Cette refondation dans l’extrême Nord bouleverse l’échiquier politique. La « position visant à des discussions exclusives entre “État colonial” et “peuple colonisé” renvoie notre pays 40 ans en arrière, c’est-à-dire avant la réunion de Nainville–les–Roches (1983) et les accords de Matignon (1988) » a réagi Calédonie ensemble. Tandis que « le FLNKS, noyauté et absorbé par la CCAT, ne peut plus être considéré comme un interlocuteur légitime par les Loyalistes et le Rassemblement-LR » ont jugé illico les deux partis. Le député Nicolas Metzdorf a, de son côté, adressé sans tarder un courrier aux parlementaires calédoniens indépendantistes, son collègue Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie, avec une question simple : « Reconnaissez-vous Monsieur Tein comme le président du FLNKS ? Si la réponse est positive, il me semblerait alors incongru de poursuivre de parler ensemble de reconstruction ».
Le tournant du FLNKS, siglé UC et RDO, durcit le bras de fer avec l’État. Le président de la République doit, fin septembre ou début octobre semble-t-il, échanger avec les partenaires politiques sur le soutien d’une Nouvelle-Calédonie exsangue, mais aussi sur l’avenir institutionnel. Mais avec quels indépendantistes ? Quels représentants sont légitimes aux yeux de Paris ? Y.M.
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