DNC : Combien de salariés sont concernés par les différentes mesures de chômage partiel ?
Philippe Martin : Dans les entreprises de la mine et de la métallurgie, sous-traitants non-compris, les demandes des employeurs ont abouti à des arrêtés du gouvernement autorisant le chômage partiel pour 4 162 salariés. Dans les faits, il ne sera pas activé dans tous les cas. Cela représente quoi qu’il en soit une grande partie des effectifs du secteur, qui s’élèvent à un peu plus de 6 000 salariés.
Quelle est votre dernière évaluation des fonds nécessaires ?
Sur trois mois, on a une hypothèse haute de 4 milliards de francs. Aujourd’hui, on dispose de 12 milliards qui sont dédiés aux diverses mesures de chômage partiel et total. Six milliards proviennent de l’État, six ont été apportés par la Nouvelle-Calédonie. L’évaluation des besoins que nous avons présentée à l’État, c’est 28 milliards jusqu’au 31 décembre : c’est l’hypothèse haute, celle d’un recours massif aux mesures de la part des entreprises de tous secteurs. On espère ne pas l’atteindre, mais on est prudent.
Au vu de l’ampleur de ce qu’elles représentent pour les finances publiques, ces aides ne pourront pas durer indéfiniment…
Les mesures de chômage partiel sont transitoires, par définition. Et au vu de leur coût, elles ne peuvent pas durer un an, c’est inenvisageable. Elles sont taillées pour le maintien des salariés dans l’entreprise dans l’attente d’une reprise de l’activité.
Tous secteurs confondus, que constatez-vous ?
Pour l’heure, 2 100 sociétés ont fait des demandes pour 29 500 salariés. On voit bien que les entreprises font massivement appel au chômage partiel, ce qui est plutôt bon signe quant à leur vision de l’avenir : elles ont manifestement espoir de reprendre une activité normale dans les prochains mois. Mais on constate aussi 1 200 salariés au chômage total, avec rupture du contrat de travail pour cas de force majeure.
L’intérêt des dispositifs de chômage partiel est de réduire au maximum ces licenciements, et donc d’amortir une crise sociale. En injectant de l’argent, on permet tout simplement aux salariés de continuer à vivre, en honorant leur loyer, leurs factures… Il s’agit de ne pas ajouter de la crise à la crise, de ne pas créer un cercle vicieux.
Les entreprises sont parfois éligibles à plusieurs dispositifs. Comment choisir ?
L’appréciation est parfois difficile, c’est certain. Les situations sont tellement diverses qu’il est difficile de leur conseiller un seul dispositif. Il faut que les entreprises trouvent l’outil le mieux adapté à leur situation, sachant que puisque cette situation peut évoluer, il est possible de passer d’un dispositif à un autre. Elles peuvent opter pour le chômage partiel, puis procéder à un licenciement économique de droit commun. Si la situation se rétablit plus vite que prévu, elles peuvent aussi renoncer au chômage partiel.
En ces temps difficiles, que pouvez-vous leur conseiller ?
Ce que nous préconisons systématiquement, et qui est déjà largement pratiqué, c’est de maintenir les compétences au sein de l’entreprise en évitant les licenciements le plus longtemps possible. S’il y a l’espoir d’une reprise, il faut privilégier le chômage partiel pour rester concurrentiel, pouvoir répondre aux appels d’offre, etc.
Dans le BTP, avant même la crise, on avait déjà des difficultés de recrutement. Il y avait des carences au niveau de l’encadrement intermédiaire sur les chantiers. Il y avait aussi de la demande sur des postes moins qualifiés : un maçon ou un bancheur (spécialiste du gros œuvre, ndlr) novices n’ont pas la même productivité qu’un confrère expérimenté. Vous imaginez bien qu’au moment de la reconstruction, avec un vivier sous tension, trouver des compétences sera encore plus difficile.
Propos recueillis par Gilles Caprais
Les différents chômages
Le chômage partiel standard octroie au salarié 66 % du SMG (165 000 francs) pendant un mois, puis 75 % pendant deux mois.
Le chômage partiel spécifique au nickel, mis en place en février, s’élève à 70 % du dernier salaire, ce dernier étant plafonné à 2,5 SMG, pendant six mois maximum.
Le chômage partiel lié aux destructions correspond à 70 % du salaire, le résultat du calcul étant plafonné à 2,5 SMG, pendant six mois maximum. Ces conditions valent aussi pour les licenciements liés aux destructions pendant trois mois, puis le revenu de remplacement tombe à 100 %
du SMG pendant trois mois, puis 75 % pendant trois mois. Toutes
les demandes se font auprès de la DTEFP.
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