L’État confirme l’attribution de nouvelles aides, sous condition du vote par le Congrès d’un budget supplémentaire rectificatif et l’annonce de réformes.
Dans son courrier en date du 21 juin, Emmanuel Macron répondait à la demande de Louis Mapou exprimée deux semaines plus tôt, à savoir l’octroi d’un apport permettant à la Nouvelle-Calédonie de tenir jusqu’en août, ce qui représentait un besoin de 30 milliards de francs afin de couvrir les dépenses courantes et celles liées au chômage. Le président de la République soulignait alors que l’État avait déjà déboursé 100 millions d’euros, soit près de 12 milliards de francs (dont 6,1 milliards fléchés sur le chômage partiel), et annonçait un complément à venir, que le haut-commissariat détaille dans un communiqué mardi 2 juillet.
D’abord sous la forme d’une avance remboursable de 12 milliards au gouvernement, « qui fait face à une impasse de trésorerie majeure du fait de la chute des recettes fiscales et sociales et de déséquilibres structurels antérieurs ». Ce montant doit abonder le financement du chômage partiel et total, dont 19 000 personnes devraient bénéficier, soutenir les budgets des provinces et des communes et réduire la dette vis-à-vis d’Enercal au titre de la composante de stabilité. Il est question de « 1,7 milliard » afin de permettre à la société « de régler les factures urgentes », indique Thierry Santa, en charge du travail et de l’emploi.
L’autre appui se traduit par un prêt de la Banque des territoires de 6 milliards de francs en vue de payer les premières reconstructions et réparations de biens de la collectivité.
UN SOUTIEN SUPPLÉMENTAIRE NÉCESSAIRE
Mais le versement « effectif » de l’avance remboursable est conditionné à deux choses, explique le haut-commissariat. La première est que le gouvernement présente un budget supplémentaire. Ce dernier « devra traduire la chute des recettes fiscales et la baisse des dépenses publiques qui doit en découler ». Et, surtout, il devra être voté par le Congrès d’ici la fin du mois de juillet. « C’est la vraie contrainte, mais le calendrier va être tenu », assure Thierry Santa.
Et puis, il y a les réformes qui « devaient être menées à bien » après les deux prêts AFD en 2020 et 2022 « et ne l’ont pas été », cite Emmanuel Macron. Ruamm, Caisse locale de retraites… Et un volet « économies ». Le territoire doit revoir son train de vie, notamment la masse salariale. « Les effectifs étaient déjà à la baisse et la tendance s’est accélérée depuis deux mois. » La question de la rémunération des fonctionnaires est également toujours sur la table.
La deuxième condition réside dans la fin des violences, pose le Président. « Il n’est pas envisageable de mettre en œuvre ces efforts sans que les violences ne cessent, car ce serait détruire d’un côté ce que nous nous efforçons de reconstruire de l’autre. » Thierry Santa espère que ce sera le cas d’ici là. L’État aura ainsi « mobilisé 250 millions d’euros (près de 30 milliards de francs) », affirme le haut-commissariat, soit « davantage que les concours financiers qu’il verse chaque année aux collectivités » calédoniennes.
Une gestion au fil de l’eau. « On n’a pas vraiment le choix. L’État non plus, avec les législatives. Tout le monde est contraint, on attend dimanche. » Seule certitude : « s’il n’est pas à nos côtés jusqu’à la fin de l’année, la Nouvelle-Calédonie s’écroule, insiste Thierry Santa. Il y a nécessité de prévoir une aide supplémentaire, on en discutera avec le nouveau gouvernement central. » Le haussariat annonce que cela « sera déterminé dans le projet de loi de finances pour 2025. Il s’inscrira dans le cadre de discussions avec le territoire sur le projet d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie ».
5 000
Selon le haut-commissariat, plus de 5 000 demandes ont été déposées pour bénéficier du fonds de solidarité, qui permet aux entreprises accusant des pertes de 25 % en mai et 50 % en juin de recevoir plus d’un million de francs sur les deux mois. Plus de 1 300 sociétés ont perçu l’aide. Le dispositif doit être adapté d’ici mi-juillet afin de prendre en compte les patentés (entreprises individuelles) et les structures créées en 2023 et 2024. Enfin, le cas de celles dont la viabilité resterait menacée pourra être étudié par l’État, précise le haut-commissariat, qui ajoute que « les aides totales pourraient représenter 2,4 milliards de francs ».
795
La province Sud a adopté, le 24 mai, le principe d’un soutien aux entreprises pillées ou brûlées, sous la forme d’une prise en charge du salaire des employés. 795 sociétés ou patentés ont été aidés, ce qui représente plus d’un milliard de francs, dont près de la moitié (480 millions) sera remboursé par l’État.
Et aussi…
La maturité maximale des PGE (prêts garantis par l’État) Covid est portée à 6 ans et 6 mois.
L’IEOM met à disposition des banques une ligne de liquidité à taux 0, afin de leur permettre de distribuer des facilités de caisses aux entreprises en attente des indemnisations des assureurs.
Enfin, « une nouvelle génération de prêts garantis par l’État adaptés aux difficultés que connaissent les entreprises calédoniennes » est commercialisée par les banques depuis cette semaine. Ces prêts, de court, moyen et long terme, peuvent couvrir des besoins en trésorerie, de fonctionnement, d’investissements nécessaires à la reconstruction, etc. Exceptionnellement, outre les TPE et PME, cela concerne également les ETI (entreprises de taille intermédiaire), et ce jusqu’au 31 décembre 2026.
Anne-Claire Pophillat
Source DNC.NC