Entre théories politiques floues, promesses électorales non tenues et un penchant pour l’action militaire “à mi-chemin », François Hollande aura été plus souvent à la traîne qu’au front. Un “leader » qui, malgré tous ses efforts, n’a jamais su séduire les Français ni même les maintenir sous son aile une fois élu. Avec Flanby comme sobriquet, il incarne la mollesse politique et l’indécision, légèrement dégoulinant de caramel collant.
François Hollande grandit dans une famille où les orientations politiques s’opposent. Son père, Georges Gustave Hollande, médecin ORL puis promoteur immobilier proche de Jean-Louis Tixier-Vignancour, a été candidat à Rouen sur une liste d’extrême droite. Sa mère est plutôt une catholique de gauche convaincue. Il fera vite son choix.
Chargé de corvées, Hollande théorise à gauche et à droite
En 1974, il entame des études à Sciences Po Paris, peu avant l’obtention de sa licence en droit à l’université Panthéon-Assas. Il est très impliqué dans la vie étudiante et milite à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), une organisation considérée comme étant proche du Parti communiste français. François Hollande enchaîne avec des études jusqu’à 1975 à HEC Paris, où il dirige le comité de soutien à la candidature de François Mitterrand, puis est admis à l’ENA en 1976. Le cursus sera mis en suspens car déclaré apte à effectuer son service militaire. Il revient à l’Ecole nationale d’administration (ENA) en janvier 1978 pour y intégrer la promotion Voltaire, où il y rencontre Ségolène Royal.
Son adhésion au Parti socialiste en 1979 sonne les débuts de son parcours politique. L’année d’après sa sortie de l’ENA , il opte pour la Cour des comptes et dirige des cours d’économie à Sciences Po de Paris. François Mitterrand est élu président de la République et le petit François est pioché par un certain Jacques Attali, proche conseiller et sherpa du grand Vizir. Ségolène et lui deviennent chargés de mission à l’Elysée.
Il est rapidement mis au défi : devant le refus de Jacques Delors, tout juste nommé ministre de l’Économie et des Finances, de se présenter aux législatives de 1981, il incombe à François Hollande de disputer la troisième circonscription de Corrèze à Jacques Chirac. Le résultat est sans appel : il lui manque 350 voix et son rival de droite remporte le siège dès le premier tour.
Après l’Elysée, l’énarque devient directeur de cabinet de Max Gallo et Roland Dumas, porte-parole du gouvernement de Pierre Mauroy. Il n’est certes plus chargé de mission à l’Elysée mais se voit confier la documentation ainsi que la promotion du pamphlet d’André Bercoff contre la droite, commandé par les éditions Fayard sur demande de François Mitterrand et Attali. Il accorde ainsi des interviews radiodiffusées comme étant Caton, un faux dirigeant de droite, pseudonyme utilisé par le journaliste pour signer son pamphlet. En 1984, François Hollande tente de se faire élire maire mais échoue une fois de plus. Il parvient néanmoins à devenir conseiller municipal d’Ussel, en Corrèze.
Le Parti socialiste, très occupé à orchestrer cette manœuvre politique avec Caton, perd les législatives de 1986. François Hollande est appelé à soutenir Lionel Jospin pour remonter la barre. Deux ans plus tard, après la réélection de François Mitterrand, l’ancien chargé de mission à l’Elysée se porte encore candidat en Corrèze mais change, cette fois-ci, de circonscription. Il sera élu député.
Le chemin fut long… et pourtant, François Hollande déserte l’Assemblée nationale, faisant le théoricien du réformisme de la gauche et de l’économie au détriment des préoccupations de ses électeurs. En 1993, son désintéressement lui coûte son siège, récupéré par un député du RPR, alors présidé par Jacques Chirac.
Prêt à foncer, prêt à flancher
Il revient au PS, la queue entre les jambes, pour y occuper quelques postes clés. Il est d’abord secrétaire national chargé des questions économiques puis devient membre de la direction nationale du parti. Il soutient Lionel Jospin pour la présidentielle de 1995 mais le pari est perdu face à Jacques Chirac, encore ? Toujours au cœur de l’action sans jamais réussir à tirer son épingle du jeu, le François…
Lionel Jospin redevient Premier secrétaire du PS pour diriger l’opposition et nomme Hollande porte-parole d’un parti divisé pour y apporter le “consensus mou” qui caractérise le leadership de “Flanby”. Le PS se rattrape aux législatives de 1997, remportée par la “gauche plurielle”, pour forcer le président à une cohabitation. Son chef devient Premier ministre et François Hollande, de retour du programme Young Leaders de la French-American Foundation, redevient député puis, dans la foulée, Premier secrétaire du PS après avoir battu Jean-Luc Mélenchon au congrès de Brest.
20 ans après avoir rejoint le PS, son ascension débute (enfin). Après avoir été député, conseiller régional du Limousin et eurodéputé pendant quelques semaines, il se fait élire maire de Tulle en 2001. Mais c’est au sein de sa formation politique que François Hollande fait des vagues. Le voici à nouveau théoricien. Lui aussi fait du blairisme et son positionnement jugé centriste par des opposants, comme Mélenchon, lui valent de nombreuses critiques parmi les militants.
Arrive la fâcheuse question de la Constitution européenne. Le PS s’entre-déchire. François est favorable au “oui” tandis que son second, Laurent Fabius, s’y oppose. Un référendum interne est organisé : le “oui” l’emporte à 59%. Le Premier secrétaire du parti socialiste entend isoler ses rivaux directs. C’est l’inverse qui se produit puisque les Français, dont des sympathisants socialistes, votent “non”. François Hollande sort affaibli du référendum.
Le timing était certainement très mal choisi, puisque le congrès du Mans était attendu pour 2005, c’est-à-dire dans l’année à suivre. Il sera tout de même réélu mais avec un score très inférieur aux précédents. Son leadership consensuel, voire “mou” pour ses détracteurs, le maintien à la tête du parti sans faire désormais l’unanimité.
Crédits : ARA
En 2006, après s’être rendu à l’ambassade des États-Unis à Paris pour y regretter, comme une vengeance rancunière, l’opposition de Jacques Chirac à l’invasion de l’Irak, il est de nouveau confronté à des tensions internes. Celles-ci concernent sa compagne, Ségolène Royal, battue par Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007. Des conflits personnels conduiront les deux socialistes à être à couteaux tirés.
Aux législatives de 2007, François Hollande est réélu député (très peu actif) de la Corrèze. Il est également maire de Tulle, poste qu’il cède après avoir été élu, en 2008, président du conseil général de la Corrèze. Tout comme lors de son passage à Tulle ou à l’Assemblée, ses mandats ne brillent pas par mille et une mesures. Au contraire, et ses opposants lui reprochent une gestion des finances calamiteuse du département, dont la dette était déjà la plus importante de France cette année-là.
Président par défaut
Jamais ministre, ni sous Mitterrand ni sous Jospin, “qui n’ont pas jugé utile de le nommer au gouvernement” comme le fait remarquer Jean-François Copé, député peu actif, maire pour le moins discret, dirigeant plus que mou du PS, François Hollande annonce sa candidature à la primaire socialiste de 2011. Dominique Strauss-Kahn est donné favori par les sondages mais son arrestation à New York pour agressions sexuelles, place Flanby au-devant de la scène.
Mais comment devenir président ? Il change son image, pour commencer. Il perd du poids, comme si la mollesse de son leadership était liée à ses zones adipeuses. Pendant sa campagne, il est critiqué pour son bilan à la tête du PS, lui qui a passé ses mandats à théoriser sur le blairisme tout en se mettant les cadres du parti à dos, sur fond de Constitution européenne. On rappellera son inexpérience gouvernementale. Ses propositions pour réduire le déficit de la France sont aussi bien rejetées par la droite que par des militants du PS.
Il réussit malgré tout à remporter la primaire, et à allier les autres candidats à sa cause. Il promet tout et rien, comme le plafonnement de la fiscalité, un demi-million de logements, l’ouverture de postes dans la fonction publique et la création d’emploi, mais aussi réduire le nucléaire pour s’allier les écologistes… Mis à part les promesses électorales, François Hollande confirme bien les craintes de ses détracteurs. A trop théoriser sur la gauche au lieu de saisir des postes ministériels et l’expérience, l’énarque, diplômé de Sciences Po et de HEC, semble déconnecté de la réalité “technique”.
Le début de son mandat est marqué par une baisse du pouvoir d’achat et la réforme fiscale suscite l’ire des Français. Son pari “d’inverser la courbe du chômage” est raté. Il ne réussit pas à taxer les capitaux et les grosses fortunes comme promis durant sa campagne. Son goût pour le blairisme et le social-libéralisme se manifeste à nouveau avec l’allègement des cotisations patronales, la nomination du fameux Emmanuel Macron comme ministre de l’Économie et surtout, une catastrophique position très atlantiste et “va-t-en-guerre” de la France.
Du Blairisme tout mou, à l’interventionnisme à la Bush
A propos du retrait de tous les militaires français d’Afghanistan, promis lors de sa campagne, il se contente de rapatrier quelques 2 000 soldats. Très critique face à Sarkozy et sa “dérive atlantiste” (par opposition au gaullisme et l’autonomie de la France) dans la crise libyenne, François Hollande fait pire. Syrie, Iran, Mali, Centrafrique, Daesh … Des positions bien souvent maladroites, comme lorsqu’il se dit en 2013 prêt à lancer des bombardements contre le régime de Bachar el-Assad. Alors que même les maîtres en la matière, à savoir le Royaume-Uni et les États-Unis, passent par leurs parlements pour finalement rejeter le scénario.
“Flanby” est bien ferme lorsqu’il s’agit de frappes militaires au Moyen-Orient mais subitement frileux pour gérer la sécurité suite aux attentats terroristes de Charlie Hebdo et du Bataclan.
Mais que retiendra-t-on, finalement ? Qu’il est un des rares, si ce n’est le seul, président de la Ve république à ne jamais avoir connu “l’état de grâce”, aucun pic de popularité auprès des Français. Une non-popularité qui fluctuera au rythme des grèves et des manifestations, des attentats terroristes, des scandales et polémiques à l‘image de l’affaire Cahuzac ou au scooter de Julie Gayet. Promesses non tenues, positions peu autoritaires, excès de zèle dans la politique étrangère… bref on peut conclure que François Hollande a été au bon endroit au bon moment : de la primaire socialiste après l’arrestation de DSK, à la campagne présidentielle marquée par le “ras-le-bol” des Français face à Nicolas Sarkozy.
A son départ de l’Elysée, il devient membre de droit du Conseil constitutionnel mais affirme ne pas envisager d’y siéger. Il commente les actualités du moment, se montre très critique envers Emmanuel Macron puis appelle à voter pour lui pour contrer Marine Le Pen et accourt à l’Elysée lui prodiguer des conseils sur l’Ukraine et autres. Sur le plan militaire, “moins en en dit, mieux on agit”, dixit Blair … Pardon, Hollande.
Il annonce son retour en politique compte tenu de la situation “exceptionnelle” et de la victoire du RN aux dernières européennes impliquant la dissolution de l’Assemblée. Il se présente avec le soutien du Nouveau Front populaire dans la première circonscription de Corrèze, celle-là même dont il avait délaissé les habitants, décidément peu rancuniers. Il y assume un retour de “conquérant”… vraisemblablement pour déserter une fois de plus les rangs de l’Assemblée nationale dès la rentrée comme à l’accoutumée.
Chassez le naturel il revient au galop… La soupe est trop bonne !
France-Soir