Tandis que les négociations pour un cessez-le-feu reprennent à Doha, les combats à Gaza s’intensifient tout comme les bombardements israéliens. Plusieurs écoles à travers l’enclave palestinienne ont été ciblées cette semaine, dont une située dans le quartier Choujaïya de Gaza-City. L’armée de Tsahal a annoncé mercredi y avoir achevé une opération de deux semaines, laissant au moins une soixantaine de morts selon la Défense civile et un lieu réduit à néant.
Comme chaque jour depuis le début du conflit, la bande de Gaza a été pilonnée cette semaine par l’armée israélienne. Mardi, dans le sud, 29 Palestiniens ont été tués dans un bombardement contre une école qui abritait des déplacés. “Ce massacre est la continuation du crime de génocide que l’armée d’occupation a lancé contre notre peuple pour le dixième mois consécutif”, a déclaré le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien depuis 2007.
Une opération de Tsahal achevée, plusieurs autres se poursuivent
Mercredi, deux semaines après son lancement, Tsahal a affirmé avoir “achevé” son opération dans le quartier de Choujaïya, situé dans la ville de Gaza. Ses soldats dressent un bilan de huit tunnels démantelés, des dizaines de combattants du Hamas éliminés, des bases de combats et des immeubles piégés détruits. Mais les autorités gazaouies dressent un tout autre bilan, évoquant la mort de plus de 20 personnes dans le bombardement israélien d’une école de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.
La Défense civile de la bande de Gaza affirme avoir découvert environ 60 corps à la fin de l’opération dans le quartier de Choujaïya, dont les infrastructures, aussi bien les écoles que les cliniques, ont été rasées.
Mais le départ des troupes israéliennes ne signifiait aucunement un répit pour les populations locales, invitées le même jour à évacuer la ville de Gaza. Il s’agit, selon l’ONU, de 300 000 à 350 000 personnes. Tsahal a effectivement annoncé jeudi la poursuite d’une autre opération, cette fois-ci en plein centre-ville de la bande, où des combattants “intégrés dans le quartier général de l’UNRWA” se trouveraient.
Le conflit ne s’est pas concentré cette semaine que sur cette localité, puisque des affrontements ont également eu lieu dans d’autres quartiers du sud et de l’ouest de Gaza City. Au sud de l’enclave, à Rafah, frontalière avec l’Egypte et théâtre déjà d’une autre opération militaire terrestre israélienne depuis début mai, Tsahal a affirmé avoir “éliminé des dizaines de terroristes”, dont un certain Hassan Abou Kouik, considéré comme un des chefs de la sécurité opérationnelle des forces de sécurité interne du Hamas.
L’hôpital Nasser de la ville a fait état de quatre morts, dont un enfant. Autant de morts que dans le camp de réfugiés de Nousseirat, situé dans le centre de la bande de Gaza. Selon Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, Tsahal a « éliminé ou blessé 60% » des combattants du Hamas après neuf mois de guerre. Mais l’armée reste évasive quant au nombre exact de ces combattants et dit “vérifier les informations”.
Le ministère gazaoui de la Santé fait état, jeudi 11 juillet, de 38 345 morts et 88 295 blessés depuis le début du conflit. “L’occupation israélienne a commis 2 massacres contre des familles dans la Bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, faisant 50 martyrs et 54 blessés”, ajoute-t-on.
Nouvelle exigence de Tel Aviv, rétractation du Hamas sur une concession
Les différentes structures de ce ministère souffrent, selon Médecins sans frontière, d’une « grave » pénurie de matériel médical. « Nous sommes confrontés à une pénurie grave de beaucoup de matériel, comme des compresses » ou des « gants chirurgicaux », déplore-t-on. « Aucun camion de MSF n’est entré à l’intérieur de Gaza depuis la fin du mois d’avril », a rappelé l’ONG dans un communiqué daté du 5 juillet, exhortant Israël à ouvrir « davantage de points de passage ».
Ceux-là cristallisent depuis des mois les tensions entre Israël et de nombreux pays de la communauté internationale sur la question de l’accès de l’aide humanitaire, à commencer par l’Egypte. Tel Aviv exige de conserver le couloir de Philadelphie qui sépare l’État nord-africain de l’enclave palestinienne ainsi que le point de passage de Rafah, pour y obstruer la “contrebande d’armes”.
Cette condition, martèle le Premier ministre Benjamin Netanyahou, fait désormais partie, avec la libération des otages et la poursuite de la guerre “jusqu’à l’élimination totale du Hamas”, des « principes » posés par Israël dans le cadre des négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Israël n’autorisera pas le retour de terroristes armées ou d’armes dans le nord de la bande de Gaza », justifie-t-il.
De nouvelles discussions se sont d’ailleurs tenues hier, jeudi 11 juillet, au Qatar, pays médiateur avec Washington et Le Caire, pour espérer aboutir à un cessez-le-feu. Le chef du Mossad, David Barnea, et le directeur de la CIA, William Burns, sont arrivés la veille à Doha.
Le Hamas avait bien annoncé dimanche une première concession, à savoir accepter de négocier la libération des otages malgré l’absence d’un cessez-le-feu permanent avec Israël. Néanmoins, un responsable du mouvement, Hossam Badran, a déclaré que l' »intensification » des « massacres » israéliens ont convaincu le Hamas de camper sur ses exigences.
Les bombardements israéliens, particulièrement ceux qui ont ciblé des écoles, ont d’ailleurs fait réagir Paris et Berlin. La diplomatie française a jugé « inacceptable que des écoles, a fortiori abritant des populations civiles déplacées par les combats, soient ciblées ». « La frappe menée mardi sur l’école Al-Awda, et qui a fait plusieurs morts, est la troisième ciblant une école de déplacés depuis samedi dernier. Nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur ces frappes », exhorte le Quai d’Orsay.
Même ton chez les voisins allemands. « Il est inacceptable que des personnes soient tuées alors qu’elles cherchent refuge dans des écoles. Les attaques répétées de l’armée israélienne contre des écoles doivent cesser et une enquête doit être menée rapidement », a déclaré le ministère allemand des Affaires étrangères.
France-Soir