Nos villes françaises pourraient échapper aux inondations, même en cas de pluies diluviennes comme cela a été le cas ces derniers jours et mois. Pour faire face aux crues, une seule solution : il faut désimperméabiliser nos villes. Mais comment ? C’est ce dont parle Clément Gaillard, docteur en urbanisme.
« En France, nous avons géré la question de l’assainissementassainissement de l’eau, et c’est tout », déplore Clément Gaillard. Nos villes et nos routes n’ont pas été pensées pour être confrontées un jour au risque d’inondations. La façon dont nous les avons conçues, mais aussi les matériaux utilisés, ne sont pas adaptés aux événements pluvieux extrêmes qui s’abattent sur le pays depuis plusieurs mois. Pour lutter contre les inondations, il y a en effet une règle d’or : « tout ce qui tombe sur une parcelle doit s’infiltrer dans l’eau ».
La priorité : repenser nos routes et nos parkings
Selon l’expert, la priorité est de travailler sur deux éléments : la voirie et les parkings. « Un parking, c’est comme si vous dressiez une immense bâche, précise-t-il. Ces surfaces peuvent être désimperméabilisées en utilisant des matériaux plus poreux. Ensuite, il y a un troisième élément, nous pouvons aussi récupérer l’eau des toiturestoitures avec des cuves, pour que cette eau ne parte pas dans les rues. Certaines villes utilisent de l’enrobé drainant, mais ce n’est pas l’idéal, car cela peut se boucher. Ce n’est pas cher, et facile à installer. » Il y a d’autres solutions, mais le coût amène souvent les villes à renoncer aux travaux.
Nous pouvons utiliser les crues à notre avantage
« Il faut aussi avoir un autre regard sur ce sujet car les crues sont nécessaires aux nappes phréatiques. On voit la pluie comme une nuisancenuisance, on ne pense qu’à l’évacuer, alors que c’est une ressource pour le sol, les plantes, mais aussi pour le rafraîchissement des villes », explique Clément Gaillard. Fait méconnu, l’évaporation de l’eau consomme beaucoup de chaleurchaleur et contribue à rafraîchir les villes : « il faut faire en sorte que les villes se comportent davantage comme un milieu naturel, comme des sols forestiers spongieux : une partie de l’eau doit descendre dans les nappes, une partie doit rester dans le sol, et une partie va s’évaporer en cas de chaleur. Un litre d’eau qui s’évapore absorbe 2 400 kilos joulesjoules de chaleur ».
Des pays comme l’Allemagne et la Belgique ont réussi à rendre leurs villes plus perméables. Berlin est un exemple européen, avec des revêtements plus poreux, et une végétalisation massive des rues (arbres, herbes, prairies, zones humides…)). La France est clairement en retard, et « elle ne s’améliore pas vraiment » selon le spécialiste, mais il est toujours temps de s’y mettre. En dehors de la volonté, le principal obstacle reste le coût des travaux. Le bénéfice, lui, n’est plus à prouver.