Le 4 septembre 1774, lors de sa deuxième expédition dans le Pacifique, James Cook et son équipage repèrent au loin le nord de la Grande terre, avant d’y jeter l’ancre le lendemain. Principal héritage laissé par le célèbre navigateur britannique : le nom de Nouvelle-Calédonie, qu’il donnera à l’archipel.
Les 250 ans de l’arrivée de James Cook devraient passer relativement inaperçus, ce 4 septembre, sur le Caillou vivement touché par une crise politique, économique et sociale. Seule la commune de Bourail a prévu des commémorations ce mercredi, à destination des scolaires et des familles.
Cet épisode de la navigation britannique est pourtant « un marqueur important de l’histoire calédonienne », souligne Valérie Vattier, la directrice du musée maritime. « A priori, c’est le premier Européen à être entré en contact avec les habitants de Nouvelle-Calédonie. C’est la rencontre entre deux mondes. Et cela a dû certainement être un choc entre ces deux civilisations. »
C’est au cours de son deuxième voyage dans le Pacifique que l’explorateur “tombera” fortuitement sur la Nouvelle-Calédonie. L’équipage du Résolution fait de nombreuses escales : l’île de Pâques, les Marquises, Tahiti, Tonga ou encore les Nouvelles-Hébrides (l’ancien nom du Vanuatu).
Puis c’est en chemin vers la Nouvelle-Zélande que James Cook et ses hommes aperçoivent une terre qui n’apparaît sur aucune des cartes et qu’il baptisera « New Caledonia » (la traduction de Nouvelle-Calédonie en anglais), car ses reliefs lui rappellent l’Ecosse de son père, et qui se dit Caledonia, en latin.
En voyant cet énorme navire s’approcher des côtes de l’extrême nord de la Grande Terre, les habitants de cette région partent « à la rencontre de l’équipage en pirogue et lui montrent la passe ». Sans cela, le Resolution aurait probablement sombré, comme tant d’autres bateaux, dans les eaux calédoniennes, devenues un véritable cimetière d’épaves en raison de la présence de nombreux hauts-fonds.
Le 5 septembre, James Cook et son équipage accostent dans la baie abritée de Balade. Ils touchent terre sur la plage de Mahamat et sont accueillis par le grand chef Ti Bouma.
Ignames et cannes à sucre contre métal et verroterie… Les traditionnels échanges opèrent. « Ils cherchent aussi de l’eau, qui est l’une de leurs priorités. Ils en trouveront pas loin avec la présence d’une cascade », relate Valérie Vattier.
« Cette rencontre s’est bien passée, si l’on en croit les écrits de James Cook et des scientifiques à bord du Resolution. » Seule incertitude : cet épisode où le secrétaire du capitaine Cook achète aux habitants un poisson qui s’avérera toxique.
« Une partie de l’équipage sera très malade, avant de se rétablir. Après cela, ils vont être accueillis comme des dieux, précise Valérie Vattier. Était-ce un test pour savoir s’ils allaient survivre ou une erreur ? Toujours est-il que James Cook a échappé cette fois-là à la mort. »
Avant d’appareiller vers la Nouvelle-Zélande, James Cook grave le nom du roi d’Angleterre Georges III sur un arbre, « dont on ne retrouvera jamais la trace », indique la directrice du musée maritime.
Reconnu comme l’un des plus grands navigateurs, il fut le premier à cartographier la Nouvelle-Calédonie, mais uniquement la côte est, jusqu’à l’île des Pins. « Le bateau n’a jamais accosté sur cette île. Les scientifiques de l’expédition ont confondu les arbres avec des colonnes de basalte. Et c’est James Cook qui a reconnu les pins. C’est pour cette raison qu’elle s’appelle aujourd’hui l’île des Pins. »
Contrairement à une vision très occidentale de l’Histoire longtemps véhiculée, James Cook n’a pas « découvert » la Nouvelle-Calédonie, qui était déjà peuplée avant son arrivée et qui « avait déjà des liens avec d’autres communautés du Pacifique comme le Vanuatu », rappelle Valérie Vattier.
L’explorateur britannique et son équipage ont laissé, en revanche, une empreinte certaine lors de leur passage. Ainsi, Colnett, l’officier à bord du Resolution qui aurait aperçu en premier la Nouvelle-Calédonie, donnera son nom au Cap et à la cascade du même nom, au sud de la commune de Pouébo. Avant de partir, l’équipage laissera aussi des cochons et un couple de chiens, qui « sont probablement les premiers de l’île » , ajoute Valérie Vattier.
Pour attester de son passage dans les territoires qu’il explorera, James Cook distribuera aussi des médailles à l’effigie du roi britannique aux habitants de la région de Balade. L’une d’elle sera retrouvée 174 ans plus tard, dans la vallée du Diahot, à Ouégoa.
C’est un certain Charles Jacques qui découvre cette médaille en alliage cuivreux, identique à l’exemplaire conservé à la Mitchell Library de Sydney en Australie. Depuis 2016, elle se trouve dans l’enceinte du musée maritime à Nouméa, la famille lui ayant fait don de cette médaille. » C’est le seul bien matériel du passage de James-Cook en Nouvelle-Calédonie. Elle a donc une valeur très particulière », relève Valérie Vattier.
L’arrivée de James Cook dans cet archipel du bout du monde marque aussi le début de la colonisation européenne en Nouvelle-Calédonie. C’est d’ailleurs à Balade que l’amiral Auguste Febvrier-Despointes hissera les couleurs du drapeau français, le 24 septembre 1853, prenant ainsi possession de l’ensemble du territoire au nom de la France.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie
Source la1ere.francetvinfo.fr