Après l’incendie du presbytère, de la maison des sœurs, de la maison d’accueil et des salles paroissiales la semaine dernière, l’église de Saint-Louis a brûlé le 16 juillet 2024. En quelques jours, ce patrimoine historique, symbole fort de l’histoire religieuse, intellectuelle et économique de la Nouvelle-Calédonie, a disparu.
L’église de Saint-Louis était un lieu de célébrations et de rassemblements pendant des décennies, accueillant des milliers de fidèles lors des grandes fêtes religieuses. Depuis 2017, la Ville du Mont-Dore organisait la Fête de Saint-Louis avec des animations et des visites.
Histoire de la mission de Saint-Louis
Après une première tentative d’installation à l’embouchure de la rivière Thy en 1856, le père Rougeyron accompagné d’un groupe de chrétiens du nord (Balade et Pouébo), provenant de La Conception, débarque sur les terrains très marécageux. La tentative fut abandonnée provisoirement en raison des difficultés des terrains et de l’insuffisance de la préparation.
Un second essai est opéré en 1859, avec une meilleure préparation et une connaissance plus précise du site. C’est la vraie fondation de la mission de Saint-Louis et une croix est implantée pour commémorer l’effort de ces pionniers dont le père Vigouroux était chargé des travaux. L’installation s’est finalement faite en amont dans la partie en hauteur des premières collines pour des raisons pratiques.
Débute alors l’implantation des bâtiments en pierres ainsi que de diverses cultures dont la canne à sucre, le coton ou encore le café. Il est aidé par le père Chapuy qui développe quant à lui des installations industrielles parmi lesquelles un moulin à grain ainsi qu’une roue hydraulique permettant d’utiliser l’eau comme force motrice et une scierie. La superposition des usines donne à la mission de Saint-Louis un essor considérable.
Dans les années 1870, le site s’agrandit avec la construction de plusieurs bâtiments dont ceux destinés à la mission éducative (écoles et internats). Saint-Louis devient la première école professionnelle du territoire.
Compte-tenu du développement extraordinaire de la mission de Saint-Louis, une église était indispensable. Une chapelle en paille est bâtie provisoirement puis très vite la première église de la Nouvelle-Calédonie voit le jour malgré des difficultés liés aux divers travaux agricoles, l’incendie du dortoir des filles qu’il faut reconstruire puis le déficit de la mission qui limite les dépenses et le refus du gouverneur d’affecter des forçats à Saint-Louis.
La bénédiction de l’église est faite le 8 septembre 1868 et son clocher sera construit plus tard, après 1878. Cette même année, les plantations sont estimées à 15 hectares et l’usine sucrière entre en fonctionnement. Celle-ci devient une rhumerie en 1875. D’autres constructions sont entreprises comme l’imprimerie ou le séminaire et ce jusqu’en 1942.
À cette date-là, deux compagnies des Forces armées américaines s’installent jusqu’en 1946 en implantant un camp d’entraînement.
La Mission de Saint-Louis parfois appelée « le Petit Vatican » est le rival de la capital administrative Nouméa. Pour la sauvegarde de tout cet héritage, sept unités ont été classées monuments historiques de la province Sud en 2008 : l’église ; le presbytère ; l’école et l’internat des garçons ; l’école et l’internat des filles; la scierie ; l’imprimerie ; le canal d’alimentation en eau.
*source : Lieux historiques de La Conception, St-Louis, Yahoué, Bernard BROU.
Crédit photo : Ville du Mont-Dore