Jeudi 5 septembre, l’institut indépendant allemand Testbiotech a rendu public une analyse qui souligne l’implication du nouveau groupe d’experts européen avec l’industrie des biotechnologies qu’ils doivent analyser.
Un article du Monde vient faire la lumière sur des relations étroites qu’aurait préféré cacher sous le tapis l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En nommant de nouveaux scientifiques au sujet des organismes génétiquement modifiés (OGM), l’EFSA aurait « malencontreusement » opté à moitié pour des experts en conflit d’intérêts avec le sujet étudié.
Ce nouveau groupe d’experts, ayant pris ses fonctions début juillet, a pour mission de plancher sur les « nouveaux OGM », à savoir ceux usant de nouvelles techniques génomiques (NGT). L’ONG souligne que sept des seize experts choisis sont « activement engagés dans le développement de plantes génétiquement modifiées, dont certaines obtenues par les “nouvelles techniques génomiques”. »
En guise de réponse, l’agence européenne affirme qu’elle évalue « soigneusement les intérêts » de tous ses experts, « conformément à [sa] politique d’indépendance, qui est, selon l’EFSA, reconnue comme l’une des plus strictes de tous les organismes publics en Europe ».
« Si nous constatons un conflit d’intérêts potentiel lors de nos vérifications, nous appliquons des mesures strictes pour exclure l’expert de tout travail scientifique connexe. Mais il est important de souligner que le fait d’avoir un intérêt n’implique pas nécessairement l’existence d’un conflit d’intérêts. », affirme-t-elle encore.
Pour preuve, l’agence européenne déclare publier toutes les déclarations d’intérêts de ses experts, et c’est grâce à cette transparence que Testbiotech a pu mettre en évidence dans son rapport les liens possibles entre experts et industriels. Cependant, l’institut déclare avoir identifié des activités de lobbying qui sont quant à elles, curieusement, absente des déclarations d’intérêts publiées.
Le président de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en santé publique et environnement (CNDASPE), Denis Zmirou, prend lui aussi très au sérieux le rapport allemand qu’il juge édifiant. La CNDASPE est tout particulièrement sensible à l’indépendance que peut avoir une expertise publique dans les domaines de la santé et de l’environnement. Elle rend d’ailleurs des avis à ce sujet, le dernier datant de juillet et mettant lui aussi en lumière les défaillances de certaines institutions européenne en la matière. Le président de l’organisme tempère cependant en affirmant que « les agences françaises sont plutôt des bons élèves à l’échelle de l’Union européenne ».
France-Soir