Des prévisions plus aléatoires en hiver
Durant l’hiver austral, les météorologues font face à davantage d’incertitudes pour annoncer finement le temps qu’il fera en Nouvelle-Calédonie. « C’est la saison où l’atmosphère est moins prévisible, soumis à des phénomènes relativement brutaux et plus aléatoires venus des latitudes plus tempérées, au sud de la Nouvelle-Calédonie, notamment de la mer de Tasman », explique Alexandre Peltier, météorologue chez Météo-France NC, qui vient néanmoins de publier ses prévisions saisonnières pour prochain le trimestre, d’août à octobre.
Une saison fraîche plus humide et plus chaude
Un scénario plus humide est privilégié pour la période, mais avec un indice de confiance modéré. Autrement dit, à ce jour, les scientifiques estiment qu’il y a 50 % de probabilité pour que les précipitations soient plus élevées que la normale (contre 20 % pour qu’elles soient déficitaires). Des incertitudes liées à la situation actuelle « qui n’est pas encore stabilisée » au niveau des tropiques.
Source Météo France
En revanche, du côté du mercure, il est presque certain que les températures seront en moyenne plus élevées que la normale (indice de confiance de 90 %). Et ce, parce que « l’océan est relativement plus chaud que d’habitude aux abords de la Nouvelle-Calédonie, ce qui, combiné aux effets du changement climatique, donne globalement une tendance à la hausse des températures », poursuit le météorologue, qui précise que les nuits seront donc moins fraîches que la normale en particulier pour l’hiver. De quoi faire grincer des dents parmi les producteurs de letchis, dont l’arbre a besoin d’un à deux mois de froid pour que sa production soit abondante.
Source Météo France
Vers un retour de La Niña dès septembre ?
Qu’on se le dise : l’hypothèse d’un retour d’El Niño (synonyme de sécheresse et de saison propice aux incendies) est définitivement écartée par les scientifiques, qui misent désormais sur une arrivée de La Niña. Un phénomène qui apporte traditionnellement davantage de pluies (et donc plus d’inondations) et des températures plus chaudes que la moyenne sur le Caillou. Les météorologues estiment désormais qu’il y a 75 % de chance pour que ce scénario se produise (contre 25 % pour une situation neutre) avec une installation dans le pays « courant septembre, voire en octobre » au plus tard.
L’hypothèse d’une Niña « bien marquée » n’est pas non plus à exclure. Lorsqu’il est installé, ce phénomène perdure en général durant le premier semestre de l’année suivante (plutôt jusqu’à mai, voire juin).
Quatrième phénomène en cinq saisons
Si dans la décennie 2010-2019, seuls deux épisodes La Niña avaient été recensés (en 2011 et 2012), ce phénomène devient majoritaire pour cette nouvelle décennie où il s’est installé dans le Pacifique durant trois saisons d’affilée, de 2020 à 2022. Si ce nouvel épisode se confirme, ce sera donc la quatrième Niña en cinq saisons. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour le monde agricole, tant les pluies diluviennes des précédents phénomènes avaient sinistré la filière.
Pour autant, les météorologues restent encore prudents sur ce scénario, avec des prévisions qui se préciseront davantage dans les prochaines semaines.
Les météorologues prévoient un nouvel épisode de La Niña en raison d’une bande d’eaux plus froides que la normale qui se forme et s’étire le long de l’équateur dans le bassin Est du Pacifique, entre la Polynésie française et l’Amérique du Sud.
Pour bien comprendre la formation de La Niña, il faut déjà s’intéresser à la circulation atmosphérique. Dans l’océan Pacifique, en temps normal (comprenez en situation neutre), les alizés soufflent, de part et d’autre de l’équateur, d’est en ouest. L’eau de surface est alors poussée vers l’ouest du bassin Pacifique et se réchauffe au fur et à mesure qu’elle se rapproche de la Papouasie et du nord de l’Australie. Dans cette zone baptisée la « warm pool », l’eau frôle la barre des 30 °C. L’évaporation y est donc particulièrement marquée, ce qui engendre des masses d’air pluvieuses sur l’ouest du bassin et plus sèches à l’est.
Or, lorsqu’un épisode La Niña se forme, ce mécanisme naturel s’accentue, ce qui se traduit par un renforcement de ces alizés le long de l’équateur vers notre région, ce qui engendre des eaux encore plus chaudes, des températures plus élevées et donc des pluies encore plus abondantes dans l’ouest du Pacifique.
Les Nouvelles Calédoniennes