Des indemnisations plus rapides par les assureurs et un interlocuteur fiable au gouvernement : Mimsy Daly, la présidente du Medef de Nouvelle-Calédonie, détaille les exigences du mouvement patronal, dans un entretien à l’Agence France presse près de quatre mois après le déclenchement des émeutes.
Le Medef-NC demande l’accélération des indemnisations, près de quatre mois après les premières violences insurrectionnelles en Calédonie. Dans une interview à l’Agence France presse, sa présidente Mimsy Daly appelle aussi de ses vœux un gouvernement central « opérationnel ».
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AFP : Quelle est la situation des entreprises calédoniennes, aujourd’hui ?
Mimsy Daly : Les gens se sont focalisés sur leurs besoins primaires, à savoir l’alimentaire, la santé. Pour le reste, on sent bien que tous les secteurs sont en très nette contraction. Le commerce a été très touché, l’immobilier terriblement touché, le secteur du tourisme totalement sinistré… On en est encore à mesurer l’étendue des dégâts, parce qu’il nous manque beaucoup d’expertises d’assurance qui n’ont pas encore été finalisées. L’occurrence de nouveaux sinistres est faible, maintenant. Je dirais que le gros de la crise, en tout cas des destructions et des incendies, est aujourd’hui derrière nous.
Je dirais que le gros de la crise, en tout cas des destructions et des incendies, est aujourd’hui derrière nous.
Mimsy Daly, présidente du Medef-NC
Combien d’entreprises pourront être indemnisées par les assureurs ?
M.D. : 1 250 expertises sont nécessaires [auprès des entreprises sinistrées]. Aujourd’hui, on en a 520 qui sont finalisées. Le message que je passe [aux assureurs], c’est ‘Engagez-vous si possible d’ici la fin du mois de septembre à avoir fait réaliser la totalité des expertises attendues.’ Ça fait quatre mois. Ce n’est pas normal.
Les aides déployées par l’État (fonds de solidarité, chômage partiel) sont-elles à la hauteur ?
M.D. : Le fonds de solidarité a été mis en place très vite, de façon quasiment automatique, mais sur des montants relativement faibles. On a négocié avec l’État que le seuil de déclenchement du fonds de solidarité soit abaissé à 30 % de perte [de chifgoufre d’affaires] à partir du mois d’août. Ça nous semble être un dispositif plus favorable.
La dissolution en juin de l’Assemblée nationale a-t-elle pesé sur vos échanges avec le gouvernement central ?
M.D. : Au niveau de Bercy, le fil n’a jamais été coupé. Il a été clair dès le début que la Nouvelle-Calédonie était considérée comme une urgence, même dans la période de gestion des affaires courantes. Maintenant, il est évident qu’on a hâte d’avoir un exécutif (…) opérationnel. Ne serait-ce que dans les discussions avec les assurances aujourd’hui, c’est important qu’on ait un interlocuteur de l’État de plein exercice. On a besoin d’un appui plus fort.
On a besoin d’un appui plus fort.
Que demandez-vous au nouveau Premier ministre, Michel Barnier ?
M.D. : J’ai entendu parler d’un homme de dialogue, de quelqu’un qui était capable de rassembler et de faire travailler des personnes différentes. Je crois que c’est une qualité nécessaire pour la Nouvelle-Calédonie. Le rôle du Premier ministre est évidemment important, mais il va falloir pour la Nouvelle-Calédonie quelqu’un qui soit à 100 % sur le sujet au sein de l’équipe gouvernementale. On a besoin d’un peu de stabilité au niveau de l’exécutif.
Qu’attendez-vous du projet de loi de finances pour 2025 ?
M.D. : On demande déjà le maintien d’un niveau de sécurité suffisant en Nouvelle-Calédonie (…) qui puisse rassurer la population et les investisseurs. Ensuite, il y a tout ce qui concerne la reconstruction des établissements publics détruits. Il y a 1 à 1,5 milliard d’euros [soit 119 à 179 milliards de francs CFP] de dégâts sur les infrastructures publiques : écoles, établissements de santé, culture, etc. Et puis il y a les incitations à l’investissement et la compétitivité des entreprises. En tout état de cause, on sait que les moyens demandés vont être assez considérables. Mais ces moyens ne doivent pas être juste financiers.
On sait que les moyens demandés vont être assez considérables. Mais ces moyens ne doivent pas être juste financiers.
Quel autre type de soutien espérez-vous ?
M.D. : Un appui technique et politique quasiment à temps plein. Par exemple, Bercy a mis en place une ‘cellule reconstruction’, où des hauts fonctionnaires travaillent à temps plein. Sur la partie sécuritaire, il y a une cellule [au gouvernement central] qui ne traite que de la Nouvelle-Calédonie. Mais on peut imaginer que sur d’autres sujets, par exemple l’énergie, on ait besoin là aussi d’un appui technique sur la réorganisation de la filière. La refonte de notre système de protection sociale va aussi demander des appuis techniques relativement musclés.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie
Source la1ere.francetvinfo.fr