Jusqu’à présent épargnées par les troubles secouant le pays depuis le 13 mai, certaines communes de Brousse connaissent depuis ce dimanche une montée de la violence, avec des affrontements directs entre émeutiers et forces de l’ordre.
Ces dernières heures ont vu la réapparition, sur les réseaux sociaux, de vidéos et photos rendant compte de dégâts et échauffourées similaires aux premiers jours de la crise. Dans les communes du Grand Nouméa, mais également plus au Nord, dans les villages de Brousse où, il y a encore quelques jours, les manifestations se tenaient de façon pacifique.
Notamment, à Poya où, à la sortie Nord, les barrages filtrants ont laissé place, dimanche, à des affrontements entre militants et forces de l’ordre. Sur une vidéo partagée massivement sur Facebook, on y voit des émeutiers s’agiter au son des grenades lancées au sol. Autour d’eux, de multiples départs de feux, ainsi que des branchages et carcasses de voitures, barrent la route.
Un dialogue rompu sur Bourail
Sensiblement le même environnement dont sont témoins, depuis dimanche, les habitants de Bourail. Au niveau du carrefour menant à Houaïlou, manifestants et forces de l’ordre ont pris place. Parmi les émeutiers, il y a certainement des Bouraillais, mais surtout, « beaucoup de renforts venus de Houaïlou », informe Patrick Robelin, maire de la commune, précisant qu’« hier, une cinquantaine de voitures sont arrivés ». A proximité de ces affrontements, la nuit dernière, trois maisons ont été visitées, « dont deux maisons secondaires contenant des armes, qui ont été volées », indique-t-il.
Une situation qui inquiète le premier édile car, « jusqu’à présent, nous avons toujours gardé un lien avec les barragistes de la CCAT et dialoguions bien. Ici, nous nous connaissons tous, ce sont des gens avec qui j’étais à l’école dans les années 70 […] Ce qui nous préoccupe le plus, c’est cette arrivée d’habitants d’autres communes », regrette-t-il. Sur place, la situation est par conséquent très tendue, empêchant un quelconque dialogue. « Ce matin (hier), j’ai voulu aller sur les barrages, pour parler avec eux. Mais on m’a dit – notamment les gendarmes – qu’il ne valait mieux pas », raconte-t-il.
En marge des affrontements, à la sortie Sud du village, pas moins de 18 personnes sont restées coincées sur la commune, dimanche soir. Heureusement, la mairie a fait le nécessaire pour qu’elles soient logées aux chalets du lagon, non loin de Poé. « Les commerces du coin leur ont fournit des barquettes et nous, des couvertures », explique Patrick Robelin.
« Nous sommes dégoûtés »
De la même manière, à Koumac, les derniers jours ont été marqués par une tension ambiante. Samedi, déjà, au niveau de La Marina, quatre départs de feux ont été déclenchés. S’ils ont vite été maîtrisés et qu’aucun établissement n’a été touché, dans la nuit de dimanche à lundi, une partie de la mairie a pris feu et a été saccagée. « Ça s’est passé à l’arrière de l’établissement, où sont regroupés les bureaux des élus. Dans le mien et celui du maire, tout a été brûlé. Dans les autres, ils ont juste eu le temps de mettre du kérosène, mais le feu n’a pas pris », raconte la première adjointe, Armande Duraisin. Quelques heures après le sinistre, la mairie a, par conséquent, décidé de fermer ses portes au public. Une réunion a été organisée hier après-midi entre les membres de l’équipe municipale, afin d’organiser les prochains jours et de « renforcer la sécurité » sur la commune. « Nous sommes dégoûtés. Avec tous les efforts que l’on a fait pour ravitailler la commune, c’est ainsi que l’on est remerciés… », déplore l’élue.
Si, pour le moment, la situation semble calme sur la zone VKP, sur la côte Est ainsi qu’à La Foa, la situation est bien différente à Boulouparis. Déjà sujette aux tensions les dernières semaines, la commune a vu son commerce « Express Boulouparis » ainsi que sa station Mobil pillés et saccagés la nuit dernière. Quelques heures auparavant, des affrontements se tenaient entre émeutiers et forces de l’ordre, au niveau du carrefour menant jusqu’à Thio. « Nous avons entendu beaucoup de grenades claquer, et quelques tirs à balles réelles ont été faits contre les forces de l’ordre », indique Olivier*, habitant de la commune. Une situation qui laisse craindre certaines conséquences sur la population. « Déjà hier (dimanche), une dame perdait ses eaux dans une des tribus. Ça a été très difficile de la faire évacuer », précise-t-il.
Nikita Hoffmann
Article La voix du Caillou
Source Actu NC