Les conditions d’accueil des visiteurs pour observer l’œuvre mythique de Léonard de Vinci, dont la popularité croît à la suite de son vol en 1911, sont à l’étude pour permettre un meilleur rapport à l’œuvre dans sa contemplation.
Jugée dernièrement par une étude non officielle du site internet de coupons et réductions CouponBirds comme « l’œuvre la plus décevante au monde », de l’avis des touristes, les équipes du Louvre souhaitent offrir à la peinture une nouvelle jeunesse. Cela se ferait par le simple déplacement de cette dernière. Cependant, la manœuvre n’est pas aisée, le sujet étant alors lancé depuis plusieurs années sans succès. À la suite d’un séminaire de direction en ce début d’avril, le sujet de l’accueil des publics a été planché par ces derniers. Laurence des Cars, la directrice du Louvre, prend le parti de projeter l’étude faite par le site de réductions afin de donner un cap à la réunion. L’évidence se fait concernant la salle des Etats pour tout un chacun. Les gardiens de la salle le constatent au quotidien et remontent les chaleurs étouffantes qui surviennent lorsque le monde s’agglutine.
« On accueille mal les visiteurs dans cette salle, et donc, on a le sentiment de faire mal notre métier » dévoile la directrice au cours du séminaire. Alors, « déplacer La Joconde dans une salle à part pourrait mettre fin à la déception du public. »
Vincent Delieuvin, le conservateur en chef chargé de la peinture italienne du XVIe siècle au Louvre, en charge de La Joconde depuis 18 ans, le reconnaît lui aussi quelques jours plus tard. « On y pense depuis longtemps, mais cette fois-ci, tout le monde est d’accord »
Une première tentative avait été faite en 2019, le conservateur admettant que la salle n’est pas la plus adéquate pour prendre toute la teneur de l’œuvre. « C’est une grande pièce, La Joconde se trouve au fond, derrière sa vitre de sécurité, et donne l’impression de prime abord d’être un timbre-poste ». À son sens, « Léonard de Vinci voulait instaurer un face-à-face entre le tableau et celui qui le contemplait ». Une démarche rendue complexe lorsque la pièce est noyée de visiteurs. L’année 2019 avait donc sonné les prémices d’une réflexion pour une meilleure mise en valeur, concluant sur une nouvelle peinture pour les murs de la salle, un éclairage repensé et une circulation dans l’espace améliorée, ajoutant à cela une médiation plus performante avec la réécriture et la traduction en plusieurs langues des textes.
Le conservateur admet cependant que « cela n’était pas beaucoup mieux pour les touristes ». Tandis que près de 80% des visiteurs du Louvre se déplace jusqu’au tableau pour l’observer lors de leur visite, il apparaît nécessaire d’offrir une meilleure visibilité à l’œuvre iconique.
Cependant, parmi les nombreux mètres carrés que réserve le palais, l’endroit adéquat parmi les pièces déjà visibles au public n’a pour le moment pas été trouvé par les équipes. La directrice souhaite voir plus grand. Parce qu’ « il faut assumer cette dimension d’icône mondiale du tableau, qui nous dépasse », l’idée serait finalement d’ouvrir la façade de la colonnade, localisée en face de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.
Loin de tomber du ciel, cette idée n’est pas nouvelle et avait déjà été abordée par les prédécesseurs à la tête du musée. Cependant, l’heure n’est pas à la dépense. Tandis que ce nouveau Grand Louvre représenterait près de 500 millions d’euros d’investissement, le cap donné par Bruno Le Maire ne va pas en ce sens. Le ministre de l’Économie souhaite plutôt trouver 25 milliards d’euros d’économie sur le budget 2025 et procède alors à des coupes budgétaires dans les ministères. La culture ne déroge pas à la règle et devrait déjà perdre 6% de son budget selon Les Échos, soit 200 millions d’euros.
Un plan ambitieux donc, mais le calendrier n’est pas idéal. Le temps risque de s’écouler d’ici à ce que la culture soit privilégiée dans les budgets. Mais peut-être que l’icône Monna Lisa saura séduire les projets du gouvernement ?
Source S. Jouan