Les chiffres des six premiers mois témoignent d’un début d’année difficile pour le Groupe Eramet. « Ce premier semestre s’inscrit dans un contexte de prix toujours dégradé », surtout pour le nickel mais également pour le minerai de manganèse, a remarqué Nicolas Carré, le directeur financier.
« L’effet prix » pèse à hauteur de 310 millions d’euros (près de 37 milliards de francs) sur le résultat brut d’exploitation (Ebitda ajusté, incluant certaines filiales), qui chute de 27 % sur un an, à 247 millions d’euros (environ 29,5 milliards). Il plombe aussi le chiffre d’affaires, qui ressort à 1,5 milliard d’euros (près de 180 milliards), soit 9 % de moins qu’au premier semestre 2023.
En outre, la filiale Société Le Nickel (SLN), qui exploite les mines en Nouvelle-Calédonie, « a connu un premier semestre vraiment très difficile, aggravé par les émeutes qui ont démarré le 13 mai dernier », selon M. Carré. L’exploitation des mines était impossible « sur une majeure partie » du deuxième trimestre, selon le communiqué.
Neutraliser la dette
Les pertes de la SLN, de 72 millions d’euros net (près de 8,6 milliards de francs) au premier semestre, « apparaissent toujours dans notre compte de résultat, mais la sortie de cash et la dette qui en découlent sont entièrement financées par l’État » et ne pèsent donc plus sur le bilan d’Eramet selon un accord scellé en avril. Celui-ci permet de neutraliser la dette de l’entité dans les comptes consolidés. Hors SLN, « notre résultat net serait positif de 31 millions d’euros (3,7 milliards de francs) sur le semestre », a souligné M. Carré.
L’exploitation du nickel est au cœur de l’économie calédonienne, qui recèle d’importantes réserves mais traverse une crise sans précédent affectée par la baisse du prix du minerai, qui a dévissé de plus de 45 % en 2023, causant des pertes record pour les groupes exploitant les trois usines du Caillou.
Plutôt confiant pour la suite
Le groupe s’est toutefois dit jeudi confiant pour l’année, annonçant une performance « nettement supérieure » au second semestre grâce à une remontée des prix, et a même nettement relevé son objectif de résultat brut d’exploitation, désormais attendu entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros en 2024.
Pour justifier son optimisme, Eramet souligne la « bonne performance opérationnelle » des six premiers mois, avec une progression des volumes de minerai produits et la hausse attendue des prix sur les marchés mondiaux.
Pour le minerai de manganèse, les prix sont actuellement en « hausse de 65 % par rapport au premier semestre 2024 », a souligné Nicolas Carré. Le groupe table donc sur un prix moyen supérieur de 2,5 dollars en 2024 par rapport à 2023 – et un dollar « représente 255 millions d’euros » de résultat brut d’exploitation en plus pour Eramet.
Une « saisonnalité favorable »
Par ailleurs, le second semestre est traditionnellement meilleur pour le groupe en raison de la météo, surtout au troisième trimestre, selon M. Carré. Cette « saisonnalité favorable », « conjuguée » à la hausse attendue des prix, « nous rend particulièrement confiants dans la perspective d’une très forte amélioration de notre performance financière d’ici la fin d’année », a indiqué Christel Bories, PDG d’Eramet, citée dans un communiqué. L’effet prix se fera surtout sentir surtout « à partir du troisième trimestre », a-t-il conclu.
Les Nouvelles Calédoniennes