La poussière de craie se mêle à la suie. Les dessins des enfants et le matériel scolaire jonchent le sol. Les graffitis d’insultes ont remplacé le matériel pédagogique sur le mur des classes. Le groupe scolaire Louise-de-Greslan, dans le quartier de Jacarandas à Dumbéa, est dans un terrible état. Dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 juillet, la maternelle, jusque-là préservée, a été incendiée. En face, l’école élémentaire, victime de plusieurs dégradations et actes de vandalismes depuis le début des émeutes, a été une fois de plus visitée et méthodiquement détruite. « On avait une école magnifique« , se désole le directeur, Jérôme Lafenêtre.
« La même désolation dans chaque salle de classe »
La classe d’inclusion scolaire, comme toutes les autres salles, a été détruite, le matériel pédagogique mis à terre, les murs tagués d’insultes. Photo Aurélia Dumté
Quatre salles de classe et deux salles de sieste sont parties en fumée cette nuit dans l’école maternelle. « Dès la première semaine, le groupe scolaire a été vandalisé. D’abord la salle des maîtres, mon bureau, la salle informatique, la bibliothèque, liste le directeur. Puis ils sont revenus régulièrement. Jusqu’à hier soir. On retrouve la même désolation dans chaque salle de classe. Ici, c’est la Clis (classe d’inclusion scolaire). Il y avait douze gamins. » L’école compte 280 élèves, et une cinquantaine d’adultes y travaillaient. Les quatre établissements scolaires du quartier Jacarandas étaient les dernières écoles de la commune de Dumbéa à être fermés. Le quartier n’est toujours pas sécurisé, preuve en est. Ce matin, les forces de l’ordre déblayaient l’avenue Numa-Joubert, juste en dessous du groupe scolaire.
Pas de solution pour les élèves
Quatre salles de classe et deux salles de sieste ont été brûlées. Photo Aurélia Dumté
« Toutes les nuits, ils se mettent sur les ronds-points, ils cassent, caillassent, insultent, brûlent… raconte le maire de Dumbéa, Yoann Lecourieux, dégoûté de ces nouvelles dégradations. Ce sont les gens de chez eux qu’ils caillassent, ce sont les enfants du quartier qui vont dans ces écoles.«
À Jacarandas, plus de 600 enfants ne peuvent pas retourner à l’école. « Aujourd’hui, toute tentative de réouverture des écoles de ce quartier est impossible tant que la sécurité n’est pas assurée. » Quant à placer les enfants de ces écoles sinistrées dans d’autres établissements de la commune, « c’est impossible, nous n’avons pas de solution. Nous étions déjà en tension pour la rentrée prochaine« , déplore le maire.
280 enfants étaient scolarisés dans cet établissement de Jacarandas, et la mairie n’a pour le moment, pas de solution pour leur faire reprendre le chemin de l’école. Photo Aurélia Dumté
Dans le reste de Dumbéa, les écoles ont pu rouvrir leurs portes au fur et à mesure. « Dans le nord de la commune, nous sommes à 100 % de remplissage, mais dans le sud, seulement entre 60 et 80 %« , précise Yoann Lecourieux. Pendant ce temps, à Jacarandas, le peu de services et de commerces sont fermés, détruits. Une dame du quartier, ce matin, déblayait les branchages et les déchets sur un rond-point, seule.
Source Les Nouvelles Calédoniennes