Un niveau grandissant d’enfants sans solution d’hébergement alerte l’Unicef. Le chiffre a de quoi alarmer. Exactement 2 043 enfants, dont 467 âgés de moins de 3 ans, seraient sans-abri à l’approche de la rentrée scolaire. Le baromètre « Enfants à la rue » provenant de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) ainsi que d’Unicef France permet de prendre la mesure de cette rentrée et compile les appels au 115 ayant abouti à l’absence de solution pour ces milliers d’enfants.
Parmi les enfants subissant cette situation, Le Monde s’entretient avec une jeune fille de 11 ans, contrainte de quitter son logement le 5 septembre. Suite à l’arnaque de la personne leur louant le logement que ses parents et elle occupent, les voilà contraints de retourner à la rue. Malgré les appels quotidiens de la mère au 115 pour parvenir à une solution, les demandes font chou blanc.
Les décomptes du nombre d’enfants à la rue, malgré les appels de la famille au 115, sont établis chaque année depuis 2020 et les résultats seraient sans appel : cela ne fait qu’augmenter. Afin d’apporter une solution temporaire, des parents d’élèves se mobilisent dans différentes villes françaises au cours de l’année 2023-2024 afin d’accueillir les familles dans le besoin au sein des établissements scolaires. Des occupations qui pourraient aller grandissantes en raison d’une baisse de 100 millions d’euros cette année sur le budget alloué à l’hébergement d’urgence. Celui-ci est rendu à 1,3 milliard d’euros pour 2024. La directrice générale de la FAS, Nathalie Latour, déplore qu’une « rallonge a été promise en janvier, mais elle n’a toujours pas été débloquée. Sans elle, le nombre de place baissera cet automne, et on risque de dépasser le record absolu d’octobre 2023, quand nous avions dénombré plus de 2 800 enfants à la rue ».
Une solution qui ne peut donc durer. Lyon s’inquiète des pics atteints. Le collectif Jamais sans toit recense 361 enfants à la rue dans la métropole, trois fois plus qu’en 2022. Une membre du collectif témoigne alors auprès du média français : « Des femmes avec des bébés de quelques mois, ou qui sortent de la maternité, ne sont plus prises en charge. C’était déjà le cas à Paris et en Seine-Saint-Denis [à] l’automne [2023], mais c’est du jamais-vu à Lyon ! ».
Malgré les annonces du gouvernement, qui « fait valoir qu’[il] n’a jamais consacré autant de moyens à l’hébergement d’urgence », la directrice estime que « ce qui coûte très cher, c’est sa stratégie de court terme, qui consiste à fermer puis rouvrir des places, sans politique structurelle du logement ». De quoi rappeler une politique similaire dans de nombreux domaines…
Le message est clair pour le gouvernement à venir : il est temps d’agir. Parmi les revendications des différents collectifs entourant l’hébergement, la nécessité de renforcer l’hébergement d’urgence ainsi que la prévention entourant les expulsions. Réduire les délais d’obtention d’un titre de séjour serait pour ces associations parmi les réponses clefs à fournir. En tous les cas, un accès facilité à l’obtention d’un logement en créant des logements sociaux supplémentaires est l’une des options inévitable. Celle-ci va alors à l’encontre de la tendance adoptée par le gouvernement démissionnaire qui envisageait, avant que son propre président ne leur coupe l’herbe sous le pied, d’alléger les communes des contraintes entourant ces logements sur leur territoire. Mais au-delà des logements sociaux, peut-être y a-t-il aussi une piste avec l’application stricte de l’encadrement des loyers, dont nous connaissons les abus.
France-Soir