Pour le plus long et lointain voyage de son pontificat, François est attendu à Jakarta, capitale de l’Indonésie (3 au 6 septembre) avant de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée (6 au 9), au Timor oriental (9 au 11) puis à Singapour (11 au 13). Le pape argentin devra composer avec un programme dense : 32 000 km de vol, une quinzaine de discours, des messes géantes et jusqu’à huit heures de décalage horaire.
Initialement prévu en 2020 mais reporté en raison de la pandémie de Covid-19, ce voyage fera donc office de test pour Jorge Bergoglio, qui n’a plus voyagé depuis près d’un an. François, qui se déplace en fauteuil roulant ou à l’aide d’une canne, a récemment connu des problèmes de santé, dont une lourde opération de l’abdomen en 2023 et une grippe qui l’avait contraint à annuler un voyage à Dubaï l’hiver dernier. Il est toutefois apparu en bonne forme ces dernières semaines. Le dispositif médical prévu est d’ailleurs le même que d’habitude, a indiqué à l’AFP une source vaticane.
Dialogue interreligieux, écologie, immigration, rôle de l’Église dans l’accès à la santé et l’éducation… Ce 45e voyage à l’étranger revêt des enjeux multiples dans des pays aux forts contrastes religieux, économiques et sociaux.
Rencontre interreligieuse
Le but est de « renforcer la souveraineté du pape et le rôle du Saint-Siège auprès des catholiques locaux, de créer de la communion », explique Michel Chambon, théologien et anthropologue, chercheur à l’Université nationale de Singapour. « Si le Saint-Siège veut montrer son universalité, il doit se frotter aux traditions asiatiques qui, de plus en plus, jouent un rôle majeur dans l’ordre international », ajoute-t-il. A Jakarta, capitale du plus grand pays musulman du monde, le dialogue islamo-chrétien constituera un thème majeur avec une rencontre interreligieuse le 5 septembre à la mosquée Istiklal, la plus grande d’Asie du sud-est, en présence des représentants des six religions officielles. Le pape y signera une déclaration commune avec le grand imam, Nasaruddin Umar.
« Discrimination »
Certains observateurs pointent du doigt la discrimination croissante envers les minorités religieuses dans certaines régions, comme des actes de violences contre des lieux de culte ou du harcèlement, notamment contre les chrétiens.
Pour Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International en Indonésie, « la discrimination à l’égard de la minorité chrétienne en Indonésie reste préoccupante ». « Même dans des lieux comme l’île de Java et près de Jakarta, certaines congrégations se battent depuis des décennies pour obtenir des permis de construire. Nous avons toujours des problèmes de tolérance religieuse », confirme Krispurwana Cahyadi, prêtre jésuite et théologien qui vit sur l’île de Java. « Notre pays n’est pas toujours aussi lisse que les idéaux décrits dans les discours des autorités », insiste-t-il. François, troisième pape à visiter l’archipel aux 17 500 îles après Paul VI et Jean-Paul II, rencontrera également le président sortant Joko Widodo et présidera une messe géante dans un stade.
Violences sexuelles au Timor
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays d’Océanie marqué au début de l’année par des émeutes meurtrières, il rencontrera des enfants des rues et effectuera un déplacement d’une journée à Vanimo, à l’extrême nord-ouest. François pourrait y renouveler ses appels pour la défense de l’environnement, dans un pays touché par la déforestation et les catastrophes naturelles.
Il rejoindra ensuite le Timor oriental, situé à l’extrême est de l’archipel indonésien. Dans ce pays pauvre de 1,3 million d’habitants, l’un des plus catholiques au monde (97 % de la population), il pourrait aborder la question sensible des violences sexuelles dans l’Église. Le pays, qui attend avec enthousiasme cette visite, reste marqué par l’affaire Belo, du nom d’un ancien évêque, prix Nobel de la paix en 1996 pour son action pour l’indépendance, accusé de violences sexuelles sur mineurs pendant une vingtaine d’années et sanctionné en 2020 par le Vatican.
Trente-huit ans après Jean-Paul II, François achèvera son voyage par une étape de 48 heures à Singapour, cité-Etat cosmopolite où seulement 8 % de la population est catholique. Malgré une santé de plus en plus fragile, le jésuite argentin souhaitait honorer son invitation dans ces pays représentatifs de ce qu’il nomme les « périphéries », en insistant sur l’évangélisation et le travail missionnaire de l’Église.
Les Nouvelles Calédoniennes
Source www.lnc.nc