Les avions furtifs sont conçus pour échapper aux détections radar en ne réfléchissant pas ou en détournant les faisceaux. Leur empreinte radar est ainsi fortement réduite et peut apparaître comme du bruit sans rapport avec leurs dimensions réelles.
Pour autant, leur présence peut moduler la qualité du signal des émissions de la constellation de satellites Starlink positionnés en orbite basse et générer une détection approximative.
Des chercheurs chinois ont testé cette hypothèse en utilisant un drone commercial (un modèle DJI Phantom 4 Pro) dont ils ont étudié la perturbation des signaux du réseau Starlink, permettant d’obtenir une position approximative lors de tests réalisés dans la province de Guangdong.
Le réseau Starlink, un système de détection potentiel
Sa taille réduite, proche de celle d’un oiseau, est censée correspondre à l’empreinte radar potentielle d’un avion de combat furtif américain F-22. La détection a été réalisée en analysant les modifications des signaux électromagnétiques des satellites Starlink au-dessus de lui (à partir de satellites couvrant les Philippines, Starlink ne couvrant pas la Chine).
L’avantage est que la constellation Starlink produit un champ large d’émissions permettant une détection passive, au contraire des radars aux émissions dirigées « illuminant » la cible et pouvant faire l’objet de contre-mesures.
La technique n’est pas nouvelle en soi mais la quasi-ubiquité du réseau Starlink et son orbite basse facilitent les choses en créant un maillage de détection exploitable à peu de frais.
Couplée à de l’intelligence artificielle pour séparer les faux positifs des signaux intéressants, elle pourrait constituer un complément à la détection radar, estiment les chercheurs.
L’expérimentation a apparemment permis de caractériser assez finement le drone, jusqu’au mouvement de ses rotors, et l’accroissement du nombre de satellites Starlink en orbite permettra de renforcer les capacités de détection passive dans les années à venir.
Un usage futur des mégaconstellations chinoises ?
Les chercheurs chinois indiquent qu’il ne s’agit ici encore que de travaux préliminaires qui devront être raffinés en vue d’un usage civil et surtout militaire mais ils pourraient donner des idées, que ce soit avec le réseau Starlink ou pour les futures mégaconstellations chinoises en orbite basse, telles que Thousand Sails dont les premiers satellites ont été placés en orbite en août (lâchant une pluie de débris du lanceur au passage) ou Guowang et ses dizaines de milliers de satellites à venir.
Cela permettra-t-il réellement de détecter des avions furtifs F-22 ou F-35 ? La question reste posée face à la quantité de signaux qui nécessiteraient d’être analysés mais des schémas de signaux pourront potentiellement être dégagés en fonction des cibles recherchées. Et il faudra sans doute plus qu’un essai sur un drone grand public pour y parvenir.
D’autres applications potentielles testées ces dernières années portent sur une capacité de géopositionnement à partir de la détection des signaux de plusieurs satellites Starlink pour obtenir une position approximative à une dizaine de mètres près.
Elle pourrait servir de complément au GPS, voire à son remplacement si son signal était brouillé en temps de conflit.