Les bulletins, tombés dans l’urne dimanche 7 juillet, ont fait grand bruit.
Les indépendantistes sont aux anges après ces élections législatives anticipées et voient même « un tournant historique ». Tout d’abord, parce que l’un des leurs, Emmanuel Tjibaou, militant inscrit sur une ligne politique modérée, l’a emporté dans la seconde circonscription, le loyaliste Nicolas Metzdorf ayant viré en tête dans la première. Les structures indépendantistes et nationalistes ont su mobiliser leurs électeurs. Et puis, « au–delà du profil des candidats, le choix des noms Tjibaou et Naisseline est arboré tel un totem historique et constitue un coup marketing par le camp indépendantiste », analyse Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique.
Pour les responsables de partis et militants, la performance est inédite, parce qu’ensuite la récolte de voix à l’échelle du territoire est supérieure à celle des loyalistes. L’Union calédonienne estime que les deux engagés dans la bataille « ont su convaincre au-delà de l’électorat indépendantiste traditionnel ». Le Palika n’hésite pas, lui, à parler d’« un coup de grâce » et juge que « le nouveau contrat social » doit passer par « la pleine souveraineté en partenariat avec la France ». Des dirigeants ont assurément voulu faire le lien entre la revendication politique sur les barrages et l’expression démocratique dans les urnes.
RECOURS EN JUSTICE
Sur l’autre rive, l’avis est tout autre, évidemment. Les Loyalistes et Rassemblement-LR pointent « des conditions de vote extrêmement dégradées » et parlent même de « pressions », voire d’une « organisation douteuse de certains bureaux de vote ». Le groupe politique entend ainsi porter un recours auprès de la justice, même si lors de la proclamation officielle des résultats lundi 8 juillet, le président de chambre à la cour d’appel de Nouméa, Philippe Dorcet, n’avait pas évoqué d’irrégularités « qui pourraient annuler le scrutin ».
Sur un plan purement politique, les élus Loyalistes et Rassemblement-LR appellent à ne pas orchestrer une confusion parmi les scrutins : « les élections législatives ne sont pas des référendums ». Une manière de répéter, entre les lignes, le résultat des trois consultations d’autodétermination. « Le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France n’est plus négociable. »
Au centre, l’État, autre partenaire historique des accords institutionnels, est à la fois sollicité pour un soutien financier très important et doit contribuer à la relance des discussions sur l’avenir. Sans connexion normalement entre les deux exigences. La couleur politique du nouveau gouvernement national aura un impact dans ces négociations.
Yann Mainguet
DNC.NC