Le journaliste français Victor Castanet, réputé pour ses enquêtes chocs, dévoile, après la publication des Fossoyeurs (2022) relatant les scandales entourant les Ehpad, un nouvel envers du décor avec Les Ogres. L’ouvrage dresse le portrait angoissant de certaines crèches en pleine dérive.
Au cours d’un entretien accordé au Figaro, l’auteur mentionne les dérives qu’il a pu observer dans les crèches privées accueillant des tout-petits. Parmi celles désignées, le groupe People & Baby.
Cette nouvelle enquête sort au même moment que l’ouverture du procès de deux anciennes salariées d’une crèche du fameux groupe. En effet, les deux femmes comparaissent au tribunal correctionnel de Lille pour « violence sur mineur sans incapacités » dans une crèche à Villeneuve-d’Ascq (Nord). De quoise faire une idée de ce qu’il peut se passer dans l’ombre des garderies. Lors de son entretien, l’auteur souligne l’intérêt du public pour effectuer une enquête dans le milieu des crèches. Ainsi, après les maisons de retraite, celui-ci s’attèle à la tâche en reprenant le sujet que de nombreuses personnes ont pris la peine de lui suggérer par courriel. Un intérêt avec lequel il ne peut qu’être raccord, souhaitant dénoncer au mieux le traitement qui peut être donné par « notre société [aux] plus fragiles ».
« Que des personnes âgées finissent leur vie maltraitées, c’est terrible. Ça l’est encore plus quand cela arrive au début de l’existence. Cela peut déterminer des vies entières. »
Une nouvelle escalade s’opère donc avec ce sujet plus brûlant encore que le précédent. Nous pouvons retrouver dans l’ouvrage, selon le média, les cas problématiques « d’enfants affamés, rarement changés, parfois moqués, ou des catastrophes évitées de justesse ». À n’en point douter, la lecture va se révéler difficile pour les parents et ceux à venir.
Cependant, tout n’est pas à jeter dans les crèches privées, et l’enquêteur se veut rassurant. Tandis que la chaîne People & Baby a recours à « des pratiques dysfonctionnelles », un soin est en contrepartie pris par Babilou sur la qualité supérieure des berceaux qui sont installés dans ses structures. Victor Castanet affirme à cet effet ne pas vouloir « cataloguer un secteur et sa partie lucrative. » « Il n’empêche que, chez trois de ces acteurs, je rapporte des pratiques qui sont souvent critiquables », admet-il.
Ainsi, ce n’est ni plus ni moins que la mort qui guette. En témoigne le drame survenu dans la ville de Lyon en juin 2022. C’est en effet à cette date qu’une employée du groupe visé par l’enquête a fait ingérer à une petite fille de 11 mois du Destop. Une scène d’horreur qui va tragiquement se finir, hélas. Les raisons d’un tel acte ? Les pleurs répétés de la petite qui auraient eu raison des nerfs de la salariée. Signe avant-coureur, Babilou avait lui aussi eu affaire à cette femme, qu’ils ont préféré mettre à la porte au bout de cinq jours, ne la jugeant pas apte à pratiquer le métier. En dehors de cet aspect, la femme était par ailleurs parfaitement seule au moment des faits. Elle devait alors s’occuper aussi bien du ménage que de l’accueil des enfants. Une situation multitâches qui ne devrait être permise dans le cadre de la garde d’enfants. Des moyens supplémentaires sont nécessaires pour permettre la présence d’autres employés. Un rognage sur les coûts qui ne peut qu’être délétère lorsque nous parlons de la santé des plus jeunes.
En outre, des jeux de pouvoir sont aussi en place, et quelques têtes peuvent tomber après la publication d’une telle enquête. Parmi ces personnes à risque, Aurore Bergé. Tandis qu’elle était à l’époque ministre des Solidarités et des Familles, elle a échangé avec Elsa Hervy, la déléguée générale de la Fédération Française des Entreprises de Crèches, à propos d’un accord via Telegram sur la bonne entente entre les opérateurs privés et le gouvernement pour éviter de se voler dans les plumes.
Sur une note plus positive, l’auteur de l’enquête estime que « heureusement, la majorité des crèches de France ne voient pas les enfants comme des codes-barres et ne sont pas maltraitantes ». La graine reste plantée et le scandale latent risque d’être propulsé en cette fin septembre, le bouquin étant paru le 18.
France-Soir