Coup de théâtre une heure avant l’interview du chef de l’État sur France 2, France Inter et franceinfo : le Nouveau Front populaire, divisé depuis qu’il est arrivé en tête aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, est parvenu à s’entendre sur le nom de Lucie Castets, une haute fonctionnaire inconnue du grand public engagée dans la défense des services publics.
« Je pense que je suis une candidate crédible et sérieuse pour un président qui valorise les profils techniques », a dit cette représentante de la société civile à l’AFP, plaidant pour « l’abrogation de la réforme des retraites » et une « amélioration du pouvoir d’achat ».
Fin de non-recevoir immédiate du président de la République. « Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit », a-t-il répondu. « La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée », a-t-il ajouté. Selon lui, « personne ne peut appliquer son programme ».
« La responsabilité de ces partis » qui se sont unis dans un front contre l’extrême droite entre les deux tours des législatives, « c’est de savoir faire des compromis », a donc estimé Emmanuel Macron. C’est « quelque chose que toutes les démocraties européennes font » et « que nos compatriotes attendent », même si ce « n’est pas dans notre tradition ».
« Trêve » jusqu’à mi-août
Mais le locataire de l’Elysée, dépeint désormais par son entourage en « président qui préside » en prenant de la hauteur après avoir gouverné dans les moindres détails sept ans durant, entend encore dicter la politique du futur exécutif.
Revenir sur ses réformes, dont la retraite à 64 ans, c’est non, car « c’est bon pour le pays tout court », a-t-il asséné, recommandant plutôt d’aller « beaucoup plus loin sur la sécurité », « maîtriser » davantage l’immigration, améliorer l’« accès aux services publics » et faire en sorte que l’on vive mieux « du travail ».
En attendant, le chef de l’État a confirmé son intention de temporiser, le temps de cette « trêve olympique et politique » défendue la veille.
« Jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux », car l’inverse « créerait un désordre », a-t-il fait valoir. « Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité », a-t-il dit.
Mélenchon furieux
Au passage, il a épinglé ceux qui, jusque dans son camp, ont fait en sorte que le Rassemblement national n’accède à aucun poste de direction au sein de la nouvelle Assemblée nationale. « Ça n’est pas une bonne chose », car les élus RN ont « une légitimité », a-t-il martelé.
Furieux de voir la candidature de Lucie Castets rejetée pour Matignon, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé le président de vouloir « imposer de force son front républicain », assurant qu’il n’était « pas question » de « faire une alliance avec lui ». Le non-respect du résultat des législatives « conduit à la politique du pire », a aussi mis en garde le patron des socialistes Olivier Faure.
Avec cette interview, après être resté quasiment muet depuis sa défaite aux législatives, Emmanuel Macron espère pouvoir se concentrer sur les Jeux, qui occupent tout son agenda à J-3 de la cérémonie d’ouverture. Mais il n’a toujours pas fixé de date butoir claire pour nommer un Premier ministre en remplacement du démissionnaire Gabriel Attal, chargé des affaires courantes.
« Pacte »
Le patron des sénateurs de droite Bruno Retailleau est lui d’accord pour laisser le gouvernement démissionnaire « tenir le temps d’une trêve olympique, mais certainement pas au-delà ». « Septembre c’est trop long » pour avoir un vrai exécutif, « à mon avis en août », a-t-il affirmé.
Il a proposé lundi, avec La Droite Républicaine de Laurent Wauquiez, groupe charnière à l’Assemblée, un « pacte législatif » pour faire adopter des textes « d’urgence » sans participer directement à une coalition gouvernementale.
Les stratèges élyséens considèrent que l’alliance qui s’est nouée entre le camp présidentiel et La Droite Républicaine pour faire réélire la macroniste Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée peut constituer un « embryon » de coalition. La preuve en tout cas que « le barycentre » politique est plutôt « au centre », voire « au centre-droit », et que la gauche n’est pas en mesure de former une majorité, explique l’un d’eux.
Désormais à la tête des députés macronistes, Gabriel Attal a demandé à deux élus de consolider des propositions pour avancer son propre « pacte de coalition » susceptible d’attirer « la gauche et/ou la droite républicaines ».
Les Nouvelles Calédoniennes