Chirurgien, chirurgien plasticien, médecin esthétique… Quelle est la différence ?
Le chirurgien plasticien n’a pas la contrainte du médecin esthétique qui ne fait pas de geste chirurgical ni celle du spécialiste chirurgical d’organes qui n’a pas forcément la culture de l’esthétique. On est à la frontière entre ces deux mondes avec une vision à la fois médico-chirurgicale de la chose. On peut ainsi évaluer au plus près les besoins des patients. On peut évaluer si quelques injections peuvent suffire pour un effet » bonne mine » ou si on a dépassé certains excès cutanés et que la chirurgie va devoir prendre le relais. Ce ne sont pas deux mondes qui s’affrontent mais au contraire qui sont en parallèle.
A quel moment doit-on consulter ? Est-ce en fonction de l’âge, de la peau ?….
On peut faire de la médecine et de la chirurgie esthétique à tout âge. Il y a des avantages et des inconvénients à chaque pratique. Dans les faits, la médecine esthétique est plus accessible par la technicité, par la réalisation du geste qui se pratique au cabinet. Et le coût est bien sûr moins élevé que celui d’un geste chirurgical. Mais la médecine esthétique n’a pas la longévité d’un geste de chirurgie esthétique.
Photo DR
Pour des injections d’acide hyaluronique ou de toxine botulique, l’effet est variable en fonction de différents facteurs : dose injectée, qualité de la peau, qualité du produit et de la zone qu’on va injecter. Pour la toxine botulique, l’effet est de 4 à 8 ou 10 mois environ en fonction du produit. J’ai des jeunes patientes qui viennent pour un effet bonne mine ou parce qu’elles ont des petites rides. Il y a un effet préventif de la médecine esthétique et il y a un effet curatif où là, on va traiter la ride, la perte de volumes… sur des patientes un peu plus âgées. Entre 18 et 75 ans, on peut pratiquer la chirurgie esthétique mais avec parcimonie. On ne doit évidemment pas pousser à la consommation.
J’ai pris le parti de ne pas opérer les patientes tant qu’il y a une intoxication tabagique.
Oui, on a toutes vu des femmes et des hommes qui ont abusé de la médecine ou de la chirurgie esthétique… Où se situent les limites du médecin ?
Il y a effectivement des logiques de dysmorphophobie c’est-à-dire des patients (es) qui ne se voient pas tel qu’ils (elles) sont réellement. Et le rôle du professionnel est de raisonner et d’avertir. Et les patientes n’ont pas toutes la même peau. Ça peut être d’origine ethnique, ça peut venir d’habitudes toxiques. Personnellement, je mène un combat au quotidien contre le tabagisme, c’est antinomique avec la médecine esthétique car ça augmente potentiellement toutes les complications. Ainsi, j’ai pris le parti de ne pas opérer les patientes tant qu’il y a une intoxication tabagique. Je leur explique qu’elles sont en bonne santé et qu’il faut que tout se passe bien. Elles l’entendent et tout se passe bien. L’hygiène de vie, le contrôle du poids sont aussi importants. Dans tous les cas, si j’estime que le geste que me demande la patiente ne lui apportera pas le bénéfice suffisant, je préfère ne pas le faire. Et souvent les gens nous remercient d’avoir su poser cette limite.
Illustration L Calédonie
On connaît tous des personnes qui ont été sur-injectées en acide hyaluronique ou en toxine botulique avec les résultats que l’on peut observer… Parfois, ça tient aussi à une méconnaissance du risque d’où l’importance d’échanger en amont avec les personnes. Il peut y avoir une forme de frustration chez les patientes quand je leur explique que par rapport à ce qu’elles souhaitent ou par rapport à leurs fantasmes, il y a des choses qu’on ne peut pas faire. La priorité, c’est avant tout la sécurité du patient et ensuite la satisfaction et la qualité du résultat. De gros progrès ont été faits au niveau de la médecine et de la chirurgie esthétiques mais on n’est pas des magiciens !
Mais comment arrive-t-on, par exemple, au côté » visage figé » avec le botox ?
C’est une question de doses injectées, c’est qu’on a injecté trop de produit. Ou mal : si le praticien a pratiqué des injections trop proches du sourcil, on a le risque de sourcil qui tombe par exemple. C’est une question de zones. Aujourd’hui on sait où injecter, comment et surtout on connaît les zones à risques. Maintenant, c’est très standardisé donc il y a peu de risques. Une médecine esthétique qui se voit, c’est qu’elle a été mal faite.
J’essaye toujours de proposer un lifting en fonction de la morphologie de la personne.
Que proposez-vous en médecine esthétique ? Y a-t-il des nouveautés ?
Je propose évidemment la toxine botulique et l’acide hyaluronique. Aujourd’hui, il y a différentes gammes d’acide hyaluronique, en fonction de l’effet souhaité, avec des molécules qui ont différentes caractéristiques physico-chimiques notamment de réticulation- la texture du gel. On n’utilisera pas le même gel dans les cernes, les lèvres, les pommettes etc. On a tout un panel d’acides hyaluroniques différents qui nous permet d’avoir des effets différents. Ainsi, si on travaille sur la perte de volume au niveau des pommettes ou du menton, on va utiliser des acides hyaluroniques très volumateurs, pour les lèvres ou les cernes, ce sera plutôt un gel effet gloss moins déformant.
La Une du magazine L Calédonie de mai 2024. Photo Cissia Schippers
Y a-t-il un lifting idéal ?
Non évidemment. J’essaye toujours de proposer un lifting en fonction de la morphologie de la personne. Et en fonction de ce que la patiente veut. Il y a eu pas mal de changements depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, on pratique le lifting vertical profond. On décolle très peu la peau pour garder la vascularisation de la peau et donc éviter les hématomes et on passe directement sous le Smas (système musculo-aponévrotique superficiel) avec des effets spectaculaires au niveau du bas du visage et du cou. Mais on ne traite pas le tiers moyen ni le tiers supérieur du visage. Pour un effet global, on peut donc y adjoindre des injections d’acide hyaluronique sur les pommettes ou les lèvres par exemple.
Et au niveau de la chirurgie mammaire, le lipomodelage est en plein essor ; parlez-nous de cette technique…
Lors de la première étape de la procédure, le chirurgien plasticien prélève de la graisse sur des zones du corps de la patiente, telles que l’abdomen, les cuisses ou les flancs, par liposuccion. La graisse prélevée est ensuite purifiée et préparée pour être réinjectée dans les seins. Ce processus élimine les cellules graisseuses endommagées ou mortes. Une fois la graisse purifiée, le chirurgien l’injecte dans les seins en couches minces pour créer une augmentation naturelle du volume et pour affiner la forme. Il y a un double bénéfice : une augmentation mammaire et surtout, comme ce n’est pas un corps étranger, les risques sont limités.
Photo DR
Quelle est la durée de vie des implants ?
Certaines patientes gardent au bout de dix ou quinze ans une très jolie poitrine mais rien n’est » écrit « . Il est recommandé d’avoir un suivi chaque année car, aujourd’hui, on estime qu’entre huit et douze ans, il va y avoir un phénomène de perspiration, c’est-à-dire de transpiration siliconée. L’implant est intact mais malgré tout, il va y avoir un peu d’huile qui va transpirer qui va favoriser une inflammation locale. La petite membrane qui se crée après les premières semaines d’implantation va potentiellement s’épaissir. L’inconvénient est que cet épaississement peut déformer le sein, provoquer des plis ou des vaguelettes qui vont favoriser la rupture et surtout provoquer des malformations du sein et des douleurs. Donc, au bout de six ans, il est important d’avoir un examen clinique annuel.
Retrouvez les infos de L Calédonie sur sa page Facebook. Le magazine, sorti en juin et non en mai en raison des émeutes, est toujours disponible dans les points de vente suivants : Librairie Michel-Ange, Librairie Port Plaisance, Libraire Quartier-Latin, Tabac centre Belle-Vie, Tabac Dumbéa Mall, Tabac Géant Sainte-Marie, Tabac presse Moana.
Les Nouvelles Calédoniennes
Source www.lnc.nc