Macron…. Ah si !
Grâce à lui, nous avons deux jours de répit. 48 heures pendant lesquelles nous n’avons pas à devoir supporter le bourrage de crâne qui nous est imposé au quotidien, habituellement, par les politiciens. Que nous, journalistes, pardon, sommes tenus de relayer, analyser et commenter ! Tout ce ramdam, pour dûment vous permettre, ainsi informés, de vous faire votre propre opinion, et de décider par vous-mêmes, en vos âme et conscience, de voter ou pas, et le cas échéant pour qui (1 : Article L.49 du Code électoral ).
Oui. Grâce à la décision d’Emmanuel Macron de « dégoupiller une grenade à en dissoudre l’Assemblée nationale », les politiciens ont interdiction, depuis vendredi minuit et jusqu’à aujourd’hui, à 20 heures (clôture du scrutin) de faire état publiquement de leur baratin. D’user de leur blabla. De faire étalage des promesses électorales démagogues, illusoires, hasardeuses et autres qui constituent leur fonds de commerce. À savoir, respectivement, celles qu’ils n’ont aucune intention de tenir, celles qu’ils savent impossibles à tenir, celles que pouvoir ou non les tenir ne dépend pas d’eux, et, enfin, celles que dans la plupart des cas, ces messieurs et dames ne tiennent jamais, une fois élus, faute de temps ou d’une majorité suffisante. Ou alors en cédant à la pression de la rue ou à l’influence d’un lobby ! Ou tout simplement parce que, finalement, tenir la promesse en question n’est plus d’actualité, chassée par une autre, qui soudain intéresse davantage les électeurs potentiels, ou parce qu’un événement imprévu s’y oppose ou accapare les esprits, ou parce que les conditions d’hier ne sont plus effectives aujourd’hui.
Dans une habituelle inversion accusatoire, les politiciens arrivent à vous faire croire qu’ils ne sont pas responsables de tous les maux dont souffre la population. Les électeurs, eux, y seraient pour quelque chose.
Plus on monte haut dans la hiérarchie politico-médiatique, plus le cours du mensonge a un prix élevé, tellement il est usité en toutes circonstances. Alors, vous comprendrez que c’est tout à fait normal qu’ils tentent de nous faire croire que « le faux est vrai » et vice versa.
Pardi !
Nous élisons ceux qui, ensuite, créent bien plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. Souvent, ils arrivent à se persuader, aidé par divers artifices allant du copinage, aux liens d’intérêt, à la collusion, qu’ils agissent bien dans notre intérêt !
Toutefois, abstentionnistes, n’accablez pas ceux qui usent du droit de vote, votent pour tel candidat ou votent blanc ou nul. Vous qui ne participez pas au scrutin, vous participez tout autant ou presque à la mascarade. La grande illusion. La mystification automotrice dont nous sommes tous victimes, nous autres contribuables, citoyens lambda qui ne sont pas invités au banquet. Qui ne bénéficient pas des avantages en tous genres d’un système qui sert avant toute chose les intérêts de ceux qui sont aux commandes, officiellement et en coulisses. À savoir les professionnels de la politique et ceux qui les financent, ainsi que ceux – souvent les mêmes – à qui les juteux marchés publics sont attribués, et les hauts fonctionnaires et autres membres de l’équipe qui sont grassement payés sur nos impôts, généralement à ne rien faire d’autre que de nous rendre la vie difficile ou pire. Tout cela pour notre bien, persuadés qu’ils sont que la complexité est nécessaire pour résoudre des problèmes simples sous couvert d’agir dans l’intérêt général. À tenter de satisfaire tout le monde, on finit par ne satisfaire personne, hormis soit même, avec sa petite position d’autorité ou de pouvoir. Chez la majorité des Français, on ne dépense pas l’argent que l’on n’a pas, on ne part pas en vacances si l’on n’a pas les moyens. Mais, en politique française, la dette se dilate comme jamais, pour notre bien, sans que l’on sache vraiment qui sont nos créanciers, ni si c’est sain.
Oui. Malheureusement, oui : il en est ainsi avec la démocratie représentative telle qu’elle est définie par la Constitution. Les électeurs ont beau être les mandants de ceux qu’ils élisent et qui donc sont censés les représenter, ils ne peuvent pas retirer à leurs mandataires, avant le terme échu de celui-ci, le mandat donné via les élections.
C’est d’ailleurs, en droit français, le seul contrat de mandat qui souffre de cette incongruité manifeste. Dans toutes les autres conventions de délégation de pouvoir, le mandant peut, à tout moment, retirer au mandataire l’agrément qu’il lui a donné. Tout particulièrement lorsque ce dernier n’œuvre pas dans le sens des intérêts du mandant, ou, plus grave, fait exactement le contraire de ce qu’il a promis de faire quand il a proposé ses services au mandant.
L’élection est un mandat qu’on est contraint de donner, en sachant que le mandataire peut trahir notre confiance tout le mandat durant, sans qu’on puisse s’y opposer autrement qu’en manifestant dans la rue, au risque de nous faire matraquer durement (là aussi « Merci Macron ! ») ou d’opter pour la désobéissance civile, et d’encourir cette fois à coup sûr des amendes pénales ou fiscales.
Voilà. Donc bien qu’il me soit interdit, jusqu’à ce soir 20 heures, de me jeter dans la fange électorale en cours (en attendant la prochaine), je peux me permettre de vous faire ici la proposition suivante.
Mettons fin à cette escroquerie intellectuelle et morale. Modifions la Constitution. Faisons spécifier, dans celle-ci, l’institution du mandat impératif, c’est-à-dire la possibilité donnée au corps électoral de destituer les élus. Il devient d’autant plus urgent d’agir avant que Macron ne décide de jeter une nouvelle grenade, cette fois sur la Constitution, dans l’objectif de la dissoudre pour s’en créer une sur mesure.
Comment ?
En exigeant une assemblée citoyenne pouvant se réunir à tout moment et constituée du corps électoral correspondant (la commune pour le maire, la circonscription pour le député, etc., et le pays en entier pour le président de la République), ceci à l’initiative (une pétition par exemple) de tel pourcentage minimum des citoyens inscrits sur les listes électorales concernées, pourcentage minimum à établir de telle sorte qu’il combine au mieux le bon fonctionnement des institutions et l’intérêt général.
C’est uniquement ainsi que le principe de la République, théorie constitutionnelle, peut être effectif dans la réalité : « Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
En tout cas, j’ai entendu de nombreux français qui le demandent et voteraient !
1) c’est la loi. Article L.49 du Code électoral :
« À partir de la veille du scrutin à zéro heure, il est interdit de :
1° Distribuer ou faire distribuer des bulletins, circulaires et autres documents ;
2° Diffuser ou faire diffuser par tout moyen de communication au public par voie électronique tout message ayant le caractère de propagande électorale ;
3° Procéder, par un système automatisé ou non, à l’appel téléphonique en série des électeurs afin de les inciter à voter pour un candidat ;
4° Tenir une réunion électorale. »
Et il en est pareillement des sondages. L’article 11 de la loi n° 77-808 du 19 juillet 1977 édicte que « aucun sondage électoral ne peut faire l’objet, par quelque moyen que ce soit, d’une publication, d’une diffusion ou d’un commentaire », la veille et le jour de chaque scrutin, en cas d’élections générales et de référendum. Et justement, les élections législatives sont des élections générales.
Source Xavier Azalbert, France-Soir