Réseaux sociaux ou jeux vidéo déclenchent dans le cerveau le circuit de la récompense qui nous pousse à rester sur notre écran. Mais à force, et notamment chez les jeunes, cette surexposition peut avoir des conséquences néfastes sur le cerveau, la santé et le comportement. Explications dans la Minute Santé.
5 heures 10, c’est la durée moyenne quotidienne passée sur les écrans chez les 13-19 ans en France en 2022. Un chiffre qui grimperait à un peu moins de 7 heures par jour chez les 15-25 ans tous écrans confondus, selon une étude un peu plus ancienne. La majeure partie de ce temps est passé sur les smartphones à scroller sur les réseaux sociaux, regarder des vidéos ou s’amuser à des jeux vidéo.
Quel est l’impact de cette exposition sur le cerveau ? C’est la question que l’on peut se poser alors que s’est déroulée ce 22 juillet la journée mondiale du cerveau consacrée cette année à la santé cérébrale.
Avant de parler d’impact, il faut d’abord comprendre comment ça marche. Nous répondons tous au même schéma : nous allons sur Instagram / Facebook / Tiktok publier des posts et quand nous avons des likes, des commentaires ou autre, c’est comme si nous gagnions un point. Notre cerveau relâche alors de la dopamine, l’hormone du plaisir : c’est le circuit de la récompense (un circuit dont on a déjà parlé avec le sucre !)
En plus, les algorithmes sont censés nous proposer des contenus qui correspondent à nos attentes, ce qui déclenche aussi cette dopamine et nous incite donc à passer plus de temps sur les réseaux sociaux. Résultat : nous scrollons une heure au lieu de cinq minutes pour avoir toujours plus cette sensation de plaisir.
Certes, les adultes sont autant concernés que les enfants, mais il y a plus de précautions à prendre avec les adolescents et les jeunes vu que leur cerveau est en développement et ne devient mature qu’autour de 25 ans.
Or, un rapport d’experts intitulé Enfants et écrans – A la recherche du temps perdu et remis au président de la République en avril 2024 indique notamment qu’une forte exposition aux écrans contribue “aux déficits de sommeil, à la sédentarité et au manque d’activité physique, à l’obésité et à l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi qu’à des problèmes de vue”.
En effet, selon un sondage de 2017 pour l’Institut national du Sommeil et de la Vigilance (INVS), près de 40 % des jeunes dormiraient moins de sept heures par nuit au lieu de huit, le principal facteur étant la pratique nocturne des écrans. Quant à la vue, selon le 15ᵉ Baromètre de la santé visuelle en 2018, la moitié des jeunes de 16/24 ans se plaignait de fatigue visuelle.
Une surconsommation des smartphones, ordinateurs ou tablettes peut aussi avoir des conséquences psychologiques liées au circuit de la récompense. Si le rapport indique que la notion « d’addiction aux écrans » en tant que telle n’est pas encore reconnue par la science, l’usage des écrans et notamment des réseaux sociaux peut entraîner un mal-être chez un enfant ou un adolescent fragile. Exemple : lorsque le nombre de notifications ou de likes baisse, cela signifie moins de récompense, donc moins de dopamine, ce qui peut alors engendrer l’impression d’être nul ou un sentiment de solitude, voire un risque de dépression.
Les autres conséquences concernent le développement du cerveau. Au-delà de plusieurs études qui font le lien entre baisse des capacités cognitives et exposition aux écrans, les remontées de terrain du corps médical ou enseignant relayées dans le rapport d’avril 2024 indiquent « des difficultés de langage« , « de communication« , « des difficultés de concentration des élèves » qui passent beaucoup devant un smartphone, un ordinateur ou un téléviseur.
Comme le rapporte le site Futura Sciences, des scientifiques américains sont même allés plus loin en 2019 en faisant passer des tests à des enfants de 3 à 5 ans et en examinant leurs cerveaux au scanner. Leur conclusion : non seulement les petits les plus exposés aux écrans ont moins de vocabulaire et plus de difficultés à lire, mais leur cerveau serait aussi modifié car il contiendrait moins de substance blanche, ce tissu constitué de fibres qui assurent les liaisons nerveuses entre les différentes régions cérébrales.
Mais cet aspect fait moins consensus auprès de la communauté scientifique. Certains chercheurs relèvent par ailleurs que c’est moins la durée que le type de contenu regardé qui importe. En clair, jouer à des jeux éducatifs ou commenter une vidéo à contenu pédagogique avec un adulte fait travailler le cerveau différemment que lorsqu’on regarde passivement un dessin animé. Tous s’accordent en revanche sur un point : la nécessité de limiter ou réguler le temps d’exposition aux écrans.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie