L’Observatoire de l’Environnement de Nouvelle Calédonie, l’ŒIL, est mis en sommeil faute de financement. Tous les programmes de l’association sont menacés y compris l’application Vulcain, un outil unique d’alerte et de suivi des incendies sur le territoire.
Créé en 2009, l’ŒIL est vite devenu indispensable à la Nouvelle-Calédonie. Mais aujourd’hui, il n’a plus que trois mois de trésorerie. Toute son équipe a été mise en chômage partiel. L’ŒIL est connu pour son suivi de l’environnement dans un contexte minier et il est réputé pour avoir créé et mis en service Vulcain, une application d’alerte et de détection des incendies. Vulcain permet d’informer en temps réel pompiers et habitants via des notifications téléphoniques qui renseignent sur le positionnement exact des incendies et leur évolution. L’application est utilisée par toutes les communes du territoire d’autant que la plupart ont de grandes surfaces peu habitées et peu de pompiers.
Actuellement, l’ŒIL reçoit des appels de casernes situés sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie qui craignent qu’avec sa mise en sommeil, Vulcain s’arrête.
Hubert Géraux, membre fondateur et administrateur de l’ŒIL
L’OEIL a été privé de 90 % de ses subventions publiques et privées alors qu’il ne peut bénéficier des outils de soutien mis en place pour aider la Nouvelle-Calédonie depuis le début des émeutes en mai dernier. Ces financements ne concernent que les collectivités et les fonds de solidarité des entreprises, mais pas le monde associatif. La mise en sommeil de l’OEIL intervient alors qu’en septembre 2024, météo France a placé 27 communes de Nouvelle-Calédonie, soit la quasi-totalité de la Grande Terre, en risque très élevé à extrême aux feux de forêt.
Pour l’instant Vulcain continu mais il ne faut pas qu’il y ait de problèmes informatiques sur le serveur car nous n’avons plus les budgets pour intervenir ni pour en assurer la maintenance
Hubert Géraux, membre fondateur et administrateur de l’OEIL
Vulcain fonctionne grâce à plusieurs satellites qui passent chaque jour au-dessus de la Nouvelle-Calédonie et qui permettent de repérer les points chauds, c’est-à-dire les incendies qui brûlent sur des surfaces au-delà d’un hectare.
Vulcain est connu dans la région Pacifique. L’OEIL a été invité par Fidji pour soutenir cet archipel voisin à la mise en place d’un outil identique de détection et de suivi des incendies.
Vulcain permet également de dresser un inventaire des surfaces incendiées. Il permet de savoir avec précision combien d’hectares ont brûlé, les types de milieux concernés, les périmètres de captages d’eau détruits et donc l’ensemble des ressources en eau qui ont été impactés.
Le cycle de l’eau en Nouvelle Calédonie dépend de ses arbres. En brûlant des forêts, le feu met chaque année en péril de nombreux captages d’eau. C’est une question vitale
Hubert Géraux, membre fondateur et administrateur de l’OEIL
Vulcain est donc également un outil indispensable pour les gestionnaires. Il leur permet de savoir ce qu’ils doivent restaurer.
Chaque année, c’est en moyenne 20 000 hectares qui brûlent en Nouvelle-Calédonie soit le double que dans l’Hexagone pour un territoire trente fois plus petit. En 2019 qui est considérée comme l’une des années les plus sèches de l’histoire du territoire, 50 000 hectares ont brûlé.
Le feu en Nouvelle-Calédonie est considéré par Endémia, l’association qui gèle la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, comme la première cause de perte de biodiversité (flore et faune) pour ce territoire.
75 % de la flore des forêts calédoniennes est endémique, ce qui en fait le 4e pays à l’échelle de la planète en matière d’endémisme et même le premier au monde si l’on rapporte ce taux à sa surface.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie
Source la1ere.francetvinfo.fr