Philippe Gomès co-fondateur du parti Calédonie ensemble a proposé, lors de son intervention au JT du 21 juillet, la création d’une task force avec les présidents des institutions, les parlementaires et les présidents des groupes politiques au congrès de la Nouvelle-Calédonie. Le but : présenter ensemble, à l’Etat, un plan d’action évalué à 100 milliards Fcfp par an sur 5 ans pour relever une Calédonie à genoux.
« Il y a 20 000 Calédoniens aujourd’hui, un salarié sur 4, qui, dans ces 6 ou 9 mois, n’aura plus de quoi manger, de quoi payer ses traites et son loyer ». L’urgence sociale appelle à la responsabilité des élus et impose une unité de la classe politique calédonienne pour élaborer un plan d’action estimé à 100 milliards Fcfp par an sur cinq ans. C’est la proposition qu’avance Philippe Gomès, leader politique, pour sortir de la crise sociale et économique.
Si on n’agit pas de manière forte au plan politique et au plan financier dans les 6 prochains mois, cela ne sera plus une insurrection politique, ce sera une insurrection sociale! On aura droit à des émeutes de la faim dans notre pays!
L’Etat doit prendre ses responsabilités au niveau financier. Il doit assumer. « Je vois l’Etat dire aujourd’hui, peut-être qu’on va vous aider, on va pas vous aider etc. On nous donne quelques miettes… L’ancien président du gouvernement (2009-2011) plaide en faveur d’un plan financier quinquenal: « La Nouvelle-Calédonie a besoin de 100 milliards de Fcfp par an pour les cinq prochaines années. »
Philippe Gomès explique que cette enveloppe servira à financer « les collectivités, nos régimes d’assurance-chômage partiel et total, nos régimes sociaux, notre système de santé, et de retraite« . Et d’ajouter que, « si il n’y a pas d’aide de l’Etat, totalement responsable dans cette affaire, à ce moment là, le bateau coulera. »
Faisons une task force institutionnelle avec le président du congrès, le président du gouvernement, les trois présidents des provinces, les parlementaires et les présidents des groupes politiques au congrès, et ensemble, adoptons un plan ; allons le présenter, à l’Etat: nous avons besoin de 100 milliards Fcfp par an pour les 5 prochaines années. Et vous devez assumer votre responsabilité.
Autre volet sur lequel l’Etat est pleinement responsable : la sécurité des Calédoniens. « Si l’Etat crée un rapport de force avec les indépendantistes, il doit au moins être capable de nous protéger, de protéger les citoyens. Et cela n’est pas le cas, déplore l’ancien député de la seconde circonscription (2012 à 2022). Ce sont les Calédoniens qui se protègent eux-mêmes. »
Au niveau politique, « il y a une responsabilité totale de l’Etat dans la situation actuelle que l’on vit », assène l’ancien maire de La Foa : « l’Etat a tenté de faire un travail de discussions. Force est de constater que c’est un échec total. Absolu. Puisque le dialogue a été interrompu, et au bout du compte, on trouve des évènements, une insurrection.
Le co-fondateur de Calédonie ensemble rappelle que, durant trois mois, son parti avait maintenu les discussions avec les indépendantistes. Il en est ressorti « des propositions de convergences pour un grand accord. Ce travail a été rendu public. Tout est sur la table, tout est disponible sur les réseaux sociaux. »
Ceux qui veulent l’indépendance, immédiate, sans droit à l’autodétermination, ça n’a pas place dans un compromis. Ceux qui veulent une partition pour développer séparément les kanak d’un côté et les non-kanak de l’autre, ça n’a pas sa place non plus.
Élu au congrès de la Nouvelle-Calédonie depuis 1988, Philippe Gomès souligne que Calédonie ensemble a été le seul parti à proposer une voix médiane : un référendum de projet. « Il ne faut plus de référendum binaire. On en a eu un en 2018. Maintenant, il faut arriver à co-construire ensemble, l’avenir du pays. Le leader politique réitère son message : « Il faut qu’indépendantistes et non-indépendantistes trouvent les compromis (…) L’Etat n’a pas été à la hauteur des enjeux. »
Philippe Gomès rejette le concept d’autonomisation de la cheffe de file des Loyalistes. Des termes différents selon les scrutins de ces cinq dernières années, mais l’idée principale reste identique : « on ne doit plus vivre ensemble« , elle le dit dans son intervention dénonce l’ancien président de la province Sud (2004-2009), « le monde kanak et le monde occidental, c’est l’huile et l’eau, ça peut pas se mélanger ».
« La question aujourd’hui ça n’est pas : comment nous diviser davantage. La question est : comment rassemble t-on les Calédoniens? Comment continue-t-on à faire la paix? »
Le développement séparé des races, ça a un nom, c’est un crime contre l’humanité, ça s’appelle l’apartheid et ça n’a strictement aucune chance d’aboutir!
Philippe Gomès réfute cette vision de la société calédonienne. Il tient à rappeler « qu’il y a 30% de notre population qui est métissée dans notre pays, qui a su se mélanger. Elle oublie que les valeurs républicaines se sont mélangées aux valeurs kanak, aux valeurs océaniennes et aux valeurs chrétiennes... »
On est contre la partition, contre l’hyperprovincialisation, contre l’apartheid, contre tout ce qui est susceptible de diviser les Calédoniens.
Les émeutes du 13 mai dernier, les conséquences subies depuis deux mois abîment le vivre ensemble. Le leader politique déplore la résurgence du racisme. Il constate pour nombre de citoyens, une perte d’espoir et il encourage tout un chacun de ne pas baisser les bras : « Il ne faut pas perdre espoir. Dans notre pays, notre salut sera collectif. Il n’y aura pas de salut séparé, les uns d’un côté et les autres de l’autre. C’est un salut collectif ou il n’y aura pas de salut du tout. C’est le message de Calédonie ensemble. »
Son entretien avec Natacha Lassauce-Cognard
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie