Alors que la Nouvelle-Calédonie est plongée dans une grande incertitude politique, économique et sociale depuis deux mois, le Palika organisait samedi une assemblée générale extraordinaire, à La Foa. Avec pour objectif d’ébaucher une feuille de route afin de sortir le pays de l’impasse. Celle-ci sera finalisée lors d’une prochaine réunion le 3 août.
Il a fallu composer avec les innombrables contraintes du moment. Ce samedi, au village de La Foa, le Palika a commencé son assemblée générale extraordinaire avec une vingtaine de structures locales sur les 31 attendues. Notamment à cause des problèmes de circulation.
Après dix semaines de troubles, le Parti de libération kanak a effectué un point de situation commune par commune. « L’urgence, pour nous, est de sortir de la crise », pose Judickaël Selefen, porte-parole du mouvement indépendantiste. De quelle façon et selon quel calendrier ? Cette rencontre politique devait répondre à ces questions.
Elle devait être aussi l’occasion, pour les élus du parti, de « dresser une photographie de la Nouvelle-Calédonie sous un angle institutionnel. Des premiers retours que font les camarades sur le terrain, on sent une dégradation de tous les services publics en train d’arriver en cascade. »
Nous sommes pour poursuivre les discussions et les négociations afin d’obtenir une solution politique négociée.
Judickaël Selefen, porte-parole du Palika
Face à la mobilisation indépendantiste qui se poursuit sur certaines routes du pays, le Palika rappelle qu’il avait insisté sur l’urgence à lever les barrages lors du congrès du FLNKS à Netchaot à Koné (finalement reporté), « pour permettre aux uns et aux autres de circuler, d’avoir accès aux services de santé et services scolaires ».
Le parti condamne aussi « fermement » les récentes attaques dont a été victime l’Eglise catholique et dit « apporter son soutien à toute la communauté religieuse du pays ».
Un peu plus de deux mois après le déclenchement des violences, le Palika estime néanmoins que « la situation s’apaise progressivement un peu partout sur le territoire ». « Beaucoup d’initiatives ont été prises par nos camarades, à tous les niveaux, coutumier, associatif et religieux, pour participer à la désescalade », souligne Judickaël Selefen.
Il faut arrêter de se faire peur sur la question du corps électoral et aller chercher un compromis.
Sur l’aspect purement politique, les résultats des dernières législatives, et notamment l’élection -pour la première fois depuis presque quarante ans-, d’un député calédonien indépendantiste, confirment, pour le Palika, la progression du vote en faveur d’une souveraineté. “La question, ce n’est plus de savoir s’il y aura une indépendance mais comment on y arrive ?”, considère Judickaël Selefen.
Pour le porte-parole du Palika, cette trajectoire repose essentiellement sur la capacité des électeurs du camp indépendantiste à se mobiliser dans les urnes. Le parti considère aussi qu’il faut « dépassionner le débat » sur le dégel partiel du corps électoral provincial. Les législatives, où tous les électeurs inscrits en Nouvelle-Calédonie pouvaient voter, « ont bien montré qu’à condition de se mobiliser, le vote indépendantiste peut progresser », estime Judickaël Selefen. « Il faut arrêter de se faire peur sur cette question et aller chercher un compromis. »
Au plus tard au 15 décembre, s’il n’y a pas d’autres décisions contraires, il y aura des élections provinciales.
Judickaël Selefenporte-parole du Palika
Autre sujet évoqué lors de cette réunion : les prochaines élections provinciales. Le Palika dit rester « pragmatique ». « Le report des élections a été voté. Et il s’impose à nous aujourd’hui. Au plus tard au 15 décembre, s’il n’y a pas d’autres décisions contraires, il y aura des élections provinciales », assure son porte-parole.
Et pour le parti, ce scrutin se fera « vraisemblablement sur la base d’un corps électoral provincial qui n’aura pas bougé, puisque celui-ci n’a pas été modifié à ce jour ».
Si cette perspective risque de crisper une bonne partie des loyalistes, le Palika, lui, se prépare déjà à ces futures élections. « Les émeutes de ces derniers mois ont fait apparaître de nouveaux enjeux et une volonté de la population d’un vrai changement dans sa vie de tous les jours. Il nous faut montrer un programme et des nouveaux visages qui correspondent à ces aspirations. ».
Dans les discussions que nous avions eues jusqu’à début 2024 avec les partenaires locaux et l’Etat, il n’était pas question de toucher à l’architecture institutionnelle dans le prochain statut.
Quant au projet de Sonia Backès d’autonomiser les provinces, le Palika dit s’en « étonner ». « Dans les discussions que nous avions eues jusqu’à début 2024 avec les partenaires locaux et l’Etat, il n’était pas question de toucher à l’architecture institutionnelle dans le prochain statut. »
Le parti dit rester prêt à la discussion mais estime que « plus on avance dans le temps, plus il nous apparîtt qu’il faut une solution négociée ». Et pour le Palika, cette solution négociée pour sortir de l’Accord de Nouméa reste l’indépendance avec partenariat. « On constate que des partis qui ne sont pas forcément indépendantistes, comme l’Eveil oéanien, le mentionnent comme un projet d’avenir. Reste à poursuivre le travail avec notre base. Il y a un gros travail pédagogique à faire. »
Une nouvelle réunion du Palika est fixée au 3 août prochain pour poursuivre cette feuille de route, qui n’a pu être finalisée compte-tenu du couvre-feu et des perturbations sur les routes.
Outre-mer la 1ère – nouvelle calédonie