Qui n’a pas déjà été agacé par le tourisme ? Pire, par les touristes ? Une enquête de la BBC cherche à éclairer les raisons expliquant le mauvais comportement des touristes lorsqu’ils sont en vacances. Selon les chercheurs, toutes les destinations du monde seraient touchées par ce fléau, et ceci tendrait à se multiplier.
Ces derniers mois, diverses manifestations faisant état d’une opposition au surtourisme fleuriraient. L’occasion de dénoncer les mauvais comportements adoptés par les vacanciers. Le phénomène prend une telle ampleur que des comptes Instagram ou des sites web permettent de recenser ces comportements douteux en soulignant l’absurdité des gestes de ces touristes.
Interrogé par la BBC, le psychothérapeute Javier Labourt estime que « de nombreux facteurs peuvent influencer ce type de comportement ». Premier état des lieux selon le professionnel : « il peut y avoir des facteurs individuels, des facteurs contextuels [et] des facteurs de groupe, si la personne voyage avec un groupe. [La] première question que nous devons nous poser est la suivante : cette personne est-elle susceptible d’adopter ce type de comportement lorsqu’elle est à la maison ? ».
Selon le Dr Alana Dillette, professeur adjoint en gestion hôtelière et tourisme à l’université de San Diego, certains types de comportements touristiques inappropriés serait le résultat d’une méconnaissance des normes sociales de la destination.
« Je pense que beaucoup de gens voyagent en pensant à l’expérience qu’ils vont vivre, mais ils ne pensent pas à l’impact de leurs actions sur le lieu qu’ils visitent, parce qu’ils n’ont tout simplement pas les connaissances nécessaires », explique-t-elle.
Pour la comportementaliste Dr Kirsty Sedgman, enseignante à l’université de Bristol, le touriste serait soumis à « l’énergie du personnage principal ». Alors, il aurait « le pouvoir de sortir les gens de la pauvreté, il a le pouvoir de relier les gens à travers les cultures, les religions et les langues », comme l’affirme Alana Dillette.
Lorsqu’elles sont loin de chez elles, certaines personnes peuvent devenir impolies et exigeantes, partant du principe que les habitants ou les professionnels dans le service ne sont là que pour les servir. Ce comportement s’est notamment développé dans les avions, où l’on signale régulièrement des cas de « rage aérienne ». Les passagers renoncent à se montrer courtois et refusent de se conformer aux instructions de l’équipage. La situation s’est tellement aggravée qu’en 2021, des coalitions de compagnies aériennes ont envoyé une lettre au ministère de la justice américaine pour demander de l’aide afin d’enrayer le problème.
« Ce n’est pas seulement que les gens se comportent de plus en plus mal », explique la Dr. Sedgman. « C’est que souvent, lorsqu’ils sont interpellés pour ces mauvais comportements, il est beaucoup plus probable que les gens se mettent en colère. Le sentiment de « ne pas me dire ce que je dois faire » est très fort. » Peut-être parce qu’on l’a trop fait ?
Le Dr Labourt estime qu’il pourrait toutefois y avoir des problèmes psychologiques plus profonds. « En voyage, nous devons nous connecter à la destination, à une nouvelle culture. Cette connexion exige que nous soyons dans une position émotionnelle différente, et tout le monde n’est pas prêt pour cela ».
Si l’impact environnemental du surtourisme est aujourd’hui reconnu, l’impact du mauvais comportement des touristes – en particulier le vandalisme – est un discours pour le moment négligé. Les effets financiers et psychologiques de ces incidents ponctuels, tels que la destruction de grottes sacrées en Australie-Méridionale, sont beaucoup plus difficiles à quantifier, ce qui explique une inquiétude en second plan. Pourtant, les voix s’élèvent aujourd’hui pour que nous trouvions des solutions afin d’enrayer le fléau.
France-Soir