La Cour pénale internationale (CPI) et Kiev ont beau réclamer son arrestation, Vladimir Poutine n’a “pas de quoi s’inquiéter”. Le président russe se déplace demain, mardi 03 septembre, pour la première fois depuis l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre, dans un pays membre de la CPI, à savoir la Mongolie. L’Ukraine et la juridiction internationale exhortent ce pays à interpeller le chef du Kremlin mais Moscou affirme qu’il “n’y a pas d’inquiétude”.
Depuis l’émission d’un mandat d’arrêt international, émis contre lui depuis mars 2023 pour des soupçons de “déportation illégale d’enfants ukrainiens”, Vladimir Poutine poursuit son activité diplomatique en prenant néanmoins soin de bien éviter certains pays à l’étranger. S’il s’est rendu en Chine pour y rencontrer Xi Jinping, en Corée du Nord pour discuter avec Kim Jong-Un ou encore en Azerbaïdjan ainsi qu’au Moyen-Orient fin 2023, des pays alliés ne reconnaissant pas la CPI, il a fait l’impasse sur le Sommet des BRICS, qui s’est déroulé en août 2023 en Afrique du Sud et le sommet du G20, qui s’est déroulé en septembre de la même année en Inde.
Kiev et la CPI appellent à l’interpellation de Poutine
Rejetant les accusations “nulles” contre le président russe, Moscou a dépêché, à chaque fois, son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. Un an et demi après l’émission de ce mandat d’arrêt, le Kremlin annonce une visite de son chef en personne dans un pays membre de la Cour pénale internationale, c’est-à-dire signataire du Statut de Rome en 2000, avant de le ratifier en 2002.
L’annonce de ce déplacement a vite fait réagir l’Ukraine. Kiev a exhorté les autorités mongoles à “transférer Poutine à la Cour pénale internationale de La Haye. Un mandat d’arrêt à son encontre pour suspicions de déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie a été émis par la CPI, dont la Mongolie reconnaît la juridiction, a vite rappelé le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Oulan-Bator doit interpeller Vladimir Poutine dès son arrivée sur son territoire et exécuter ainsi le mandat de la CPI. Un tel manquement à cette obligation peut mener à une procédure de non-coopération, ou un signalement lors de l’Assemblée des États parties de la CPI, qui se réunit une fois par an. La juridiction, qui dépend de la coopération volontaire des États, ne peut contraindre ses membres et les “contrevenants” ne risquent essentiellement qu’une réprimande.
Le cas le plus récent est celui de l’ex-dictateur soudanais, Omar el-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la Cour qui ne l’a pas empêché de se rendre dans plusieurs pays comme l’Afrique du Sud, la Jordanie ainsi que d’autres États Africains.
Le porte-parole de la CPI, Fadi el-Abdallah, a toutefois insisté que la Mongolie, à l’instar de tous les autres États parties au Statut de Rome, “a l’obligation de coopérer”.
Moscou “pas inquiète”
Vladimir Poutine se rend quand même dans ce pays frontalier, enclavé entre la Russie au nord et la Chine au Sud. C’est le porte-parole de la Présidence russe, Dmitri Peskov, qui a confirmé la décision du Kremlin. “Pas d’inquiétude”, a-t-il affirmé. “Nous avons un excellent dialogue avec nos amis mongols. Bien entendu, tous les aspects de la visite ont été soigneusement préparés”, a-t-il déclaré à la presse.
Dans la capitale mongole, Vladimir Poutine, dont la dernière visite dans le pays remonte à 2019, doit s’entretenir avec son homologue Ukhnaa Khurelsukh. Le chef du Kremlin est aussi attendu aux célébrations du 85e anniversaire de la victoire des armées soviétique et mongole contre le Japon, à la bataille de Khalkhin Gol, en 1939.
Sa visite intervient peu après celle du secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est rendu à Oulan-Bator pour renforcer la relation de Washington avec son “partenaire central”. Le président français Emmanuel Macron s’y était rendu en mai 2023 pour consolider les relations bilatérales, particulièrement dans le secteur énergétique.
France-Soir