Quelques heures après le dixième décès directement lié aux émeutes recensé ce mercredi, à Saint-Louis, le procureur de la République apporte ses précisions sur les circonstances de ce drame à la lumière des premiers éléments de l’enquête.
Ce mercredi 10 juillet, dès le début de la matinée, les gendarmes mobiles ont été visés par plusieurs actions de tirs, notamment sur des véhicules blindés et ce, en différents points de la RP1, alors qu’ils étaient déployés en vue d’assurer la sécurisation de cet axe routier qui a été le théâtre d’une recrudescence des agressions et car-jackings ces derniers jours.
Des gendarmes visés par plusieurs tirs depuis la mission
Vers 9h30, quatre hommes armés et au visage dissimulé ont été aperçus à proximité de la mission de Saint-Louis où ils se sont introduits dans le presbytère, ainsi qu’à l’intérieur de l’église, pour l’un d’entre eux, repéré muni d’une arme longue, à une fenêtre du niveau supérieur de l’édifice. Manifestement, les mis en cause occupaient les lieux de manière irrégulière depuis le 4 juillet, indique le chef du Paquet, Yves Dupas.
Vers 11h15, plusieurs coups de feu sont tirés en direction d’un drone déployé par la gendarmerie, afin d’assurer des missions d’observation sur le site. Un quart d’heure plus tard, des gendarmes du GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) positionnés à 650 mètres de l’église, sont directement visés par plusieurs tirs.
L’un des militaires fait alors usage de son arme de service, « dans une action de riposte à une attaque caractérisant un péril imminent pour ses camarades et lui-même », assure le procureur de la République. Atteint mortellement par un projectile au niveau du flanc, l’homme est transporté dans un pick-up par ses comparses, jusqu’à la tribu.
Deux enquêtes ouvertes
Dans ce contexte, le Parquet a ordonné un examen scanographique du corps ainsi qu’une autopsie. Par ailleurs, deux enquêtes sont ouvertes, l’une pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique (qui correspond aux coups de feu tirés par les mis en cause sur les gendarmes) diligentée par la section de recherches de Nouméa. La seconde sera menée pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et sera diligentée par le bureau des enquêtes judiciaires de l’inspection générale de la gendarmerie nationale, portant donc sur l’usage de l’arme par le gendarme du GIGN qui a été fatal à la victime.
Le neveu de Roch Wamytan
L’identité de cet homme de 38 ans, qui circulait depuis le début d’après-midi sur les réseaux sociaux, a été officiellement confirmée en début de soirée. Il s’agit bien de Rock Victorin Wamytan, dit « Banane ». C’est le neveu du grand chef et président du Congrès Roch Wamytan. Cet habitant de Saint-Louis faisait l’objet d’un mandat de recherches délivré par le Parquet depuis le 2 juillet 2024, en raison de sa participation supposée à une série de faits de vol de véhicules avec usage ou menace d’une arme (soit 12 car-jacking constatés sur la route provinciale, entre le 30 juin et le 7 juillet dernier).
Sorti de prison en juillet 2023
En outre, Rock Victorin Wamytan était bien connu du tribunal, avec de multiples antécédents judiciaires portant sur des faits de violences volontaires avec arme, destruction de biens par incendie, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. Ce trentenaire avait notamment écopé d’une lourde peine de prison considéré comme l’un des principaux meneurs des émeutes qui ont éclaté aux abords de la tribu de Saint-Louis, à la suite du décès de William Decoiré, le 29 octobre 2016. Il était ainsi sorti de détention, il y a tous juste un an, le 19 juillet 2023.
« À ce stade de l’enquête, et sous réserve des investigations en cours, l’hypothèse d’une action de légitime défense pourrait être privilégiée au vu des circonstances ayant amené le gendarme à faire usage de son arme de service », conclut Yves Dupas.
Les Nouvelles Calédoniennes