Oui. 40 jours de blabla et quelques 300 à 400 millions d’euros dépensés (coût estimé des dernières élections législatives), tout ça pour qu’en fait la situation politique de la France redevienne la même qu’avant quasiment. J’y reviens juste après. Cela fait cher la grenade dégoupillée et le défilé sans la foule du 14 juillet 2024.
En effet, aux termes des 6 heures qu’ont duré les 3 scrutins qui ont été nécessaires pour accoucher d’un résultat en réalité couru d’avance ; puisqu’il est intervenu par le biais, on ne peut plus tordu, hélas habituel ces 7 ans de macronie, de petits arrangements entre copains opérés en coulisses (1) ; Yaël Braun-Pivet a été réélue Présidente de l’Assemblée nationale, hier, jeudi 18 juillet 2024.
Lorsque le 6 juillet 2020, Emmanuel Macron avait remplacé, au poste de ministre des Sports, l’escrimeuse Laura Flessel par la nageuse Roxana Maracineanu, je m’étais interrogé en ces mots concernant le pourquoi du comment de sa décision : « S’agit-il d’un coup d’épée dans l’eau ? » et j’avais couché cela dans un édito : « on prend les mêmes et on recommence ! »
Aujourd’hui, je suis tenté de réitérer mon propos, mais en y ajoutant un constat troublant. Je m’explique.
Si certes sa décision prise le 9 juin de dissoudre l’Assemblée nationale n’a donc apporté aucun changement pour ce qui est de la pratique « cabalistique » de l’attribution des bonnes places, entre copains, via des tractations opérées en coulisses, il y a une différence notable. La petite redistribution des cartes intervenue au terme du second tour des législatives, question nombre de députés des différents groupes parlementaires, fait qu’au-delà des fantasmes, l’État profond existe et Emmanuel Macron va pouvoir faire traîner les choses à son profit, en tardant le plus possible à nommer un Premier Ministre. Des Premiers Ministres, plus exactement.
Pardi !
Si l’on suit la logique qu’il a montrée depuis sa décision, Emmanuel Macron va probablement faire exprès, et à plusieurs reprises, de nommer Premier Ministre, une personne dont le Gouvernement va être à coup sûr l’objet d’une motion de censure qui va être adoptée.
Pourquoi ?
Parce qu’au bout de trois ou quatre utilisations de cet artifice, Emmanuel Macron pourra frauduleusement se présenter aux Français, comme étant on ne peut davantage « légitime » à diriger le pays seul, sans Gouvernement, par application de l’article 16 de la Constitution. À savoir au motif avancé que « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu », c’est-à-dire en invoquant une crise grave et immédiate qu’il a provoquée dans ce but précisément. Cela semble de plus en plus une hypothèse probante si j’en crois un de ses proches soutiens qui lors d’un diner récent déclarait « il se nourrit du mal qu’il peut faire en enfonçant ses collaborateurs, dans l’optique de se présenter comme le seul capable ».
Il lui suffira alors de nommer juste avant cela un Premier Ministre ad hoc (à savoir qui ne formera pas de Gouvernement, afin de ne pas pouvoir être démis par une motion de censure). Dans l’optique de pouvoir respecter l’obligation posée par l’article 16, premier alinéa (2) de la Constitution, d’une « consultation officielle du Premier Ministre », en plus de la consultation des Présidents des deux Assemblées et du Conseil constitutionnel.
Eh oui ! On dépense l’argent du contribuable à foison, mais rien ne va mieux, bien au contraire. L’argent n’est « fini » que pour ceux qui ont des fins de mois difficile, pour l’Etat, il coule toujours à flots.
Sans parler des 1,4 milliard d’euros que coûte au contribuable, la piscine à ciel ouvert qu’Anne Hidalgo, maire de Paris s’est offerte, à l’occasion des Jeux Olympiques, pour y faire trempette le temps d’une photo. Probablement le cliché le plus cher de l’histoire, à moins que ce ne soit celui d’Armstrong posant le pied sur la Lune. Une photo qu’il aurait pu faire à moindre coût dans un studio de cinéma ! Mais, Hildalgo donna aussi l’occasion à l’ancienne ministre de l’Éducation nationale et actuelle ministre des Sports Amélie Ouéda-Castéra de se baigner dans la déchetterie que demeure la Seine, malgré tout, sans mourir sinon d’empoisonnement, juste le temps de se ridiculiser une fois de plus. D’abord en se vautrant par terre tandis qu’elle s’apprêtait à entrer dans l’eau, ensuite en hurlant comme une jouvencelle, découvrant soudainement « le grand frisson », et, enfin, après son bain, quand elle a répondu niaisement aux journalistes, toujours déguisée en homme-grenouille. En « femme-bécasse », ont dit ses détracteurs les plus vifs, ce qui n’est pas gentil pour cet « oiseau échassier, passereau migrateur. » Et je peux vous le dire ayant moi-même nagé dans la Seine en 2012, une des dernières années où cela était encore permis dans le centre de Paris. Finalement, que sont 1,4 milliard d’euros pour Anne Hidalgo : juste 600 euros de taxe de plus par habitants de Paris.
Quant aux élections européennes, elles non plus n’ont pas servi à grand-chose.
Ursula Von der Leyen a été réélue Présidente de la Commission européenne par une majorité des députés européens (401 voix sur 707). La très chaleureuse accolade de félicitations de Marie Aubry, tête de liste LFI aux dernières européennes, n’a pas manqué de faire sortir Florian Philippot de ses gonds. D’ailleurs, la microbiologiste Corinne Reverbel l’interpella en des termes dont je vous laisse le loisir de prendre connaissance :
Madame @ManonAubryFr, entre serrer la main de la présidente de la commission et l’enlacer comme on le ferait pour une personne que l’on affectionne particulièrement, il y a une marge.
Rappelons que le vote pour la présidence a été fait à bulletin secret, et que personne ne peut… https://t.co/1qWLIF7uNm
— Corinne Reverbel (@CorinneReverbel) July 19, 2024
C’est dans la juste continuité des mauvais présages pour les citoyens membres de l’Union européenne, Français en tête. Toutefois, c’est bingo pour ceux qui les représentent. Un prochain édito présentera un tour d’horizon de la mascarade que présente la prétendue élection de la présidente de la Commission européenne. Les questions juridico-légales qui vont avec.
Un juriste spécialiste du processus électoral m’indiquait dans une conversation sur le simulacre de démocratie montré par ses élections « à un moment va se poser la question de l’importance de l’abstention, elle va devenir la principale arme des citoyens pour ne pas participer à ce vote spectacle. »
Malheureusement, cela consacre une nouvelle fois le caractère très juste de ce qu’est la démocratie représentative, qu’on prête à ce croquis dont je vous ai déjà fait profiter.
1) le candidat du Nouveau Front Populaire, André Chassagne, était en tête lors au premier tour (avec 200 voix), loin devant Sébastien Chenu, candidat du RN (142 voix), Yaël Braun-Pivet (124 voix) Philippe Juvin, candidat LR (48 voix), Naïma Moutchou, candidat Horizons (38 voix) et Charles de Courson, candidat LIOT (18 voix). Mais finalement Yaël Braun-Pivet l’a emporté avec 212 voix, devançant André Chassagne (200 voix) et Sébastien Chenu (143 voix). C’est-à-dire que, alors que Sébastien Chenu n’a obtenu qu’une voix supplémentaire, et André Chassagne aucune, lors du troisième scrutin, à l’inverse, Yaël Braun-Pivet a bénéficié des 38 voix du candidat Horizons (déport de voix logique et légitime, lui, puisque les députés Horizons sont tous 100% macronistes), ainsi que d’une partie ou de la totalité des 48 voix du candidat LR, Philippe Juvin, et aussi une partie ou la totalité des 18 voix du candidat LIOT, Charles de Courson, ces derniers s’étant eux désistés. Et vu les déclarations des responsables LR qui s’en sont justifiés publiquement, on peut s’avancer sans crainte de se tromper, que c’est au principal les 48 voix des députés LR qui ont fait pencher la balance en faveur de Yaël Braun-Pivet, et que les voix de deux députés LIOT ont fini par faire porter le total de Yaël Braun-Pivet à 212 voix : ses 124 voix à elle + les 18 voix Horizons + les 48 voix des LR + 2 voix des LIOT.
2) article 16, premier alinéa, de la Constitution : « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel. »
Xavier Azalbert, France-Soir