Tout le monde se l’arrache. Au total, ce serait en effet 25 pays qui revendiqueraient l’origine du plus célèbre explorateur, Christophe Colomb. Si jusqu’à présent, l’Italie et en particulier la ville de Gênes semblait avoir la faveur de la communauté scientifique, la diffusion d’un documentaire présentant les résultats d’une nouvelle étude sème le trouble. Sur la base d’analyses ADN, elle suggère que Christophe Colomb serait né en Espagne, dans une famille juive.
Il est probable que de son vivant, et même durant les siècles qui ont suivi sa mort, personne n’ait douté des origines de Christophe Colomb. Il serait en effet né à Gênes en 1451. Son père, Domenico Colombo, originaire de Lombardie, aurait été un tisserand dans cette ville du nord-ouest de l’Italie, sur la côte Ligure. L’origine italienne du plus célèbre des explorateurs semblait donc clairement établie. Une hypothèse historique renforcée en 1931 par la publication de documents écrits de la main même de Christophe Colomb. Dans l’un d’entre eux, daté du 22 février 1498, il ordonne en effet que sa propriété génoise reste aux mains de sa famille sous prétexte qu’il y est né. Avec cette preuve écrite noir sur blanc, la question des origines de Christophe Colomb semblait définitivement close. Pourtant, depuis quelques années, le débat est relancé. Pour certains chercheurs, l’explorateur ne serait en effet pas celui que l’on croit. Et s’il nous avait bernés ?
Une origine incertaine, revendiquée par de nombreux pays !
Plusieurs indices sèment en effet le doute sur cette origine génoise et a fortiori catholique. Un flou qui a entraîné l’émergenceémergence de nombreuses hypothèses. Il a ainsi été proposé que Christophe Colomb soit en réalité né au Portugal, en Espagne, à Majorque, voire en Corse, en Suède, en Grèce ou encore en Écosse ! Aucune de ces hypothèses alternatives n’avait cependant été appuyée par des preuves irréfutables. Mais ce 12 octobre, la diffusion d’un documentaire a semé le trouble. Il dévoile en effet les résultats d’une étude scientifique menée pendant une vingtaine d’années par des chercheurs de l’université de GrenadeGrenade, qui clament que le découvreur des Amériques ne serait pas du tout d’origine italienne, mais juive espagnole.
Une analyse ADN qui révélerait des origines séfarades
La théorie n’est pas nouvelle. Elle reposait jusqu’à présent sur l’interprétation de certains caractères et termes écrits dans ses lettres, qui laissent penser qu’il aurait eu des origines juives cachées. En Espagne, le patronyme Colon est de plus fréquemment porté par des juifs. Mais le documentaire apporte de nouveaux éléments. L’étude est en effet basée sur l’analyse de l’ADNADN retrouvée sur le squelette (incomplet) de l’explorateur, inhumé dans la cathédrale de Séville. Ces données ont été comparées à celles obtenues par analyses de restes prélevés sur Giacomo, l’un des frères de Christophe Colomb, et sur Fernand, son second fils. Les résultats pointeraient ainsi vers une origine juive séfarade. Mais pourquoi, dans ce cas, Christophe Colomb lui-même aurait-il laisser penser qu’il était d’origine génoise et catholique ?
Christophe Colomb aurait caché ses origines pour éviter la persécution
L’explication se trouverait dans le contexte historique. À la fin du XVe siècle, l’Espagne subit en effet une unification religieuse sous l’égide du catholicisme. Les communautés juives et musulmanes sont persécutées, forcées de se convertir ou de quitter le pays, sous peine de devoir affronter l’Inquisition. Les « faux convertis » sont traqués et l’on assiste alors à une migration de masse de la communauté juive. Pourtant, en 1492, Christophe Colomb entame une série de voyages à travers l’océan Atlantique, pour le compte même du royaume d’Espagne. Pour éviter l’exil et l’Inquisition, l’explorateur se serait-il converti, cachant ses véritables origines ? C’est ce que propose le documentaire.
Des résultats contestés par la communauté scientifique
Une révélation qui laisse cependant une grande part de la communauté scientifique sceptique. Premièrement parce que les résultats présentés n’ont pas encore fait l’objet d’une publication scientifique et n’ont donc ainsi pas été revus par des pairs. Dans le quotidien El Paìs, le professeur en génétiquegénétique Antonio Salas soulève de plus des critiques à l’égard de la démarche scientifique, en stipulant « qu’il n’existe pas de chromosomechromosome Y qui puisse définir de manière exacte et exclusive une origine juive séfarade ».
Pour l’heure, il semble donc que le mystère des origines de Christophe Colomb reste entier !