La période est aux citrouilles, aux tasses de thé, aux vêtements confortables… et aux histoires qui font peur ! Cela tombe bien car l’incorrigible Beetlejuice a fait son retour en salles il y a quelques semaines. Au programme, bien sûr, des vivants, des morts et des morts-vivants ! L’occasion de s’intéresser à ceux, bien réels. On vous raconte la véritable histoire des zombis.
Beetlejuice a marqué les esprits avec son ambiance gothique et son humour noir. Bonne nouvelle, il fait son grand retour dans les salles obscures ! L’occasion d’explorer l’universunivers décalé de Tim Burton qui nous emmène avec lui (re)visiter le monde des esprits et des morts-vivants… Et pourquoi pas en profiter pour en apprendre plus sur les « vrais », ceux qui hantent les terres haïtiennes !
Alors, avant de vous enfermer au cinéma, on vous emmène, direction les Caraïbes, où le mythe du zombi (sans « e » !) prend ses racines. En Haïti, la tradition vaudoue accorde une place centrale à cette figure étrange, loin des clichés hollywoodiens. Là-bas, être transformé en zombi est une punition bien réelle, régie par des rituels ancestraux.
Bande-annonce Beetlejuice. © Warner Bros
Un rituel entre magie, empoisonnement et justice populaire
Le zombi est un individu qui a subi une transformation à travers des pratiques magico-religieuses liées au vaudou. Selon les croyances et les enquêtes de nombreux médecins fascinés par les multiples signalements de personnes mortes et enterrées, puis revenues à la vie qui ont égrené le XXe siècle, les bokors, des prêtres vaudous, utilisent des potions à base de tétrodotoxine pour plonger une personne dans un état de mort apparente.
La tétroquoi ? La tétrodotoxine ! Une neurotoxine extrêmement puissante présente chez certaines espècesespèces de poissonspoissons dont le plus célèbre, le poisson-globepoisson-globe – ou Fugu. Star de la tradition culinaire japonaise, ce poisson doit être préparé par des cuisiniers diplômés obligés de goûter chaque assiette avant de la proposer à leurs clients, et pour cause : 20 g contaminés suffisent à provoquer la mort d’un adulte !
En Haïti, cette toxine est utilisée pour punir certaines personnes coupables d’actes graves comme le viol ou le meurtre. La personne « zombifiée » est enterrée, puis retirée de sa tombe pour être asservie, souvent contrainte à travailler dans les plantations, comme un esclave moderne. Évidemment, rien de légal dans cette justice populaire que les sorciers se chargent d’appliquer, sans pitié.
Une tradition marginale mais toujours d’actualité
L’un des cas les plus célèbres est celui de Clairvius Narcisse. En 1962, Narcisse a été déclaré mort et enterré. Mais 18 ans plus tard, il est réapparu dans son village, affirmant avoir été « zombifié » et forcé de travailler sous l’emprise d’un bokor ! Son histoire, soigneusement documentée, a fasciné les scientifiques et le grand public. L’analyse de son cas a permis de mieux comprendre les mécanismes de zombification, tant d’un point de vue chimique que psychologique.
Aujourd’hui, le terme « zombie » fait désormais partie intégrante de la culture populaire, héritier direct du zombi haïtien à la sauce occidentale, loin des problématiques de la culture haïtienne : « Le but, c’est d’annihiler leur force négative et ensuite, puisqu’ils sont comme des légumes, autant en profiter », détaille l’auteur de Zombis : Enquête sur les Morts Vivants et médecin légiste et Philippe Charlier dans les colonnes du Nouvel Obs.
Si ces histoires peuvent sembler appartenir au passé, la zombification reste une réalité dans certains coins reculés d’Haïti. Bien qu’elle soit devenue marginale et condamnée par la loi haïtienne, elle continue de hanter les croyances et les pratiques locales. À la fois craints et respectés, ils symbolisent à la fois la punition ultime et la résiliencerésilience d’une tradition millénaire qui continue de fasciner.