Une chorale, des petits cadeaux, des phrases récitées… Les élèves de Tuband étaient bien préparés à recevoir un groupe d’officiels ce jeudi 12 septembre au matin. Après un mois de réouverture, le haut-Commissaire, Louis Lefranc, le vice-recteur, Didier Vin-Datiche, la membre du gouvernement en charge de l’éducation, Isabelle Champmoreau, des représentants des forces de l’ordre, de la maire de Nouméa… Bref, un beau parterre d’officiel s’est rendu dans l’établissement scolaire. L’idée : aller à la rencontre de l’équipe pédagogique et des élèves pour voir si cette rentrée se déroulait dans de bonnes conditions.
Le haut-commissaire échange avec les professeurs. Photo A.D.
Après des semaines de fermeture due à une zone en proie à de nombreuses exactions, la rentrée au collège s’est déroulée sous haute surveillance le 20 août. Depuis, la police est toujours présente aux abords du collège et des fils barbelés dominent les barrières du bâtiment. « Vous vous sentez en sécurité ? » demande le haussaire à des professeurs. « Oui, je me sens parfaitement en sécurité, assure Amanda Stirrup, professeure de français. Même constat pour ses collègues Cécile Meyer et Coralie Gilson. Je pense que les parents aussi. Certains élèves étaient partis du collège, inscrits dans d’autres établissements, et ils reviennent. » Pour ces professeures, cette visite leur donne le sentiment « d’être écoutées, prises en compte« , décrit Coralie Gilson.
David Bernouy, directeur de l’établissement, et son adjointe Amandine Levie-Achten lors de leur discours de remerciement aux officiels. Photo A.D.
Alors que la chorale Éclats de voix, créée cette année dans le collège sous la direction Laurence Fedyna-Garcia, fini son chant d’accueil, que le haussaire termine sa tournée auprès des professeurs, David Bernouy, directeur de l’établissement, et son adjointe Amandine Levie-Achten prennent la parole. « Nous sommes presque ravis de voir de nouveau les petits embouteillages à l’entrée du collège, sourit le directeur. De voir les élèves venir à vélo. L’omniprésence des forces de l’ordre rassure. » Louis Lefranc prend également la parole : « J’aurais préféré pouvoir protéger le collège de Tuband plus tôt, mais nous avons fait de notre mieux, nous étions face à une situation insurrectionnelle.«
Depuis les émeutes du 13 mai, des fils barbelés ont été installés autour de l’établissement, et des forces de l’ordre patrouillent ou se postent aux alentours. Photo A.D.
Si l’établissement a pu rouvrir en août, c’est grâce à un énorme travail de tous les acteurs, des parents d’élèves aux forces de l’ordre en passant par l’État, le gouvernement, la province, la mairie, l’équipe pédagogique. « Je veux tous vous féliciter de ne pas avoir baissé les bras, » a lancé le haussaire aux professeurs. Qui a ajouté, « pour le 24 septembre, le dispositif des forces de l’ordre sera là où il doit être et fera face pour traiter toutes situations.«
Vaitéa, au CDI, explique les différentes sections dans lesquelles il étudie et présente les difficultés que le collège rencontre, notamment en EPS, sans le matériel, détruit lors des émeutes. Photo A.D.
La délégation a pris le chemin du Centre de documentation et d’information, où un groupe d’élèves a présenté les différentes spécificités de l’établissement. Le jeune Vaitéa a pris la parole face à ce groupe d’adultes avec beaucoup d’aplomb et a su passer certains messages. « Une partie de notre matériel d’EPS a brûlé, nous n’avons plus de tables de tennis de table, alors on fait ce que l’on peut. » En effet, les élèves qui suivaient des cursus d’escalade sont également en pause, les deux murs de Nouméa et de Dumbéa ayant été victimes des exactions du mois de mai. « Il y a beaucoup d’adaptation, les professeurs font en sorte de basculer sur d’autres activités, comme l’athlétisme et la voile« , précise David Bernouy, directeur de l’établissement. La demande de Vaitéa a visé juste. « Le mur d’escalade a coûté un milliard de francs, rappelle Louis Le Franc. Mais nous profiterons de la venue du directeur général de l’Agence nationale du sport en novembre pour lui en toucher deux mots.«
La police nationale veille sur le collège. Photo A.D.
La vie a donc bel et bien repris dans cet établissement, certes avec quelques « adaptations« , mais avec un esprit d’équipe fort, « c’est notre deuxième maison« , « ces épreuves nous ont soudés« , assurent les trois professeures. Et les élèves reviennent. Le collège de Rivière-Salée ou le lycée Petro Attiti n’ont pas cette chance. Fortement dégradés durant les violences de mai, l’un fermera ses portes définitivement en décembre, quand l’autre ne rouvrira pas avant 2026.
Les Nouvelles Calédoniennes
Source www.lnc.nc