Il pleut des cordes sur Numa-Daly, à Magenta. Réfugié sous la tribune, guitare à la main, enfoncé dans le canapé, Vitolio Kavakava attend son heure. Ce vendredi 5 juillet, le lanceur de javelot s’est donné pour objectif de réitérer sa performance de la semaine précédente, histoire de faire le plein de confiance pour le reste de la saison. Avec 46,63 mètres, il a battu son propre record de France F57, établi un an plus tôt (45,57 m).
La performance est plus un soulagement qu’une surprise. « C’était inscrit dans ma courbe de progression. Je devais en être à ce stade-là à ce moment-là. » Le Wallisien se sait capable de beaucoup mieux. Il garde en mémoire un fabuleux jet à 49 mètres, pas si loin du record du monde (51,42 mètres).
« Après cette très belle perf’ à l’entraînement en début d’année, on pensait qu’il se qualifierait rapidement », dit son entraîneur, Éric Reuillard, responsable du centre territorial d’entraînement. Mais il y a eu quelques pépins physiques, quelques problèmes de gestion des émotions, avec un peu de crispation, qui ont fait que la vraie perf’ n’est pas venue. »
Aux championnats du monde, au mois de mai au Japon, “Vito” a pris la 6e place avec 43,02 mètres. Une petite déception que le nouveau record de France l’aide à digérer. « Ça me donne encore plus de motivation pour la suite. Je sais qu’il faut que je confirme, y’a plein d’athlètes qui ont réalisé les minima. »
ALLER CHERCHER LA SÉLECTION…
Telle est la dure loi des sélections paralympiques : l’équipe de France ne comprendra qu’un nombre très limité d’athlètes, qui doivent remplir de multiples critères.
Meilleur Français, déjà auteur des minima (45 mètres), Vitolio Kavakava doit encore les réaliser le jour des championnats de France, dimanche 15 juillet à Albi, près de Toulouse, pour gagner sa place. « Je n’ai pas le choix. Si je rate, c’est impossible. Si je réussis, ce sera un rêve qui se réalise. Et ce sera grâce à mon entourage, mon équipe, mes coachs, grâce aux sacrifices qu’ils font pour venir m’entraîner dans une période aussi compliquée, alors qu’ils doivent surveiller chez eux la nuit. »
Éric Reuillard lui retourne le compliment. « C’est surtout Vito qui s’apprête à faire un gros sacrifice familial. Il est jeune papa, il aurait envie de rester auprès de sa femme et de sa fille pour profiter de ces moments merveilleux. Mais les Jeux, c’est un moment marquant dans sa vie d’athlète et d’homme, et c’est tous les quatre ans. On a eu cette discussion il y a quelques semaines, et on s’est dit qu’il fallait tout donner pour ne pas avoir de regret. »
… PUIS LA MÉDAILLE ?
Si les championnats de France se passent aussi bien que prévu, Vitolio Kavakava restera en Métropole pendant près de deux mois. Il rejoindra l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), tout près de Paris, pour une préparation dans des conditions optimales auprès d’entraîneurs nationaux qu’il connaît déjà ‒ dont Olivier Deniaud, responsable du pôle espoirs de Nouméa.
Si près des Jeux, au vu de l’enjeu, risquer une nouvelle fermeture de Numa-Daly ou de La Tontouta est inenvisageable. « Vito peut espérer mieux que la finale, assure Éric Reuillard. Avec 48 ou 49 mètres, il est capable d’aller chercher une place sur le podium. C’est clairement l’objectif. » Ces distances ne seront pas pour aujourd’hui. Vitolio ne rebattra pas son record de France ce vendredi, mais lancera à deux reprises au-delà des 45 mètres. De bon augure avant la compétition décisive.
Gilles Caprais
DNC.NC